14e Dimanche TO ; Luc 10,1-12.17-20

Des ouvriers pour la moisson

« Priez donc le Maître de la moisson »… Tous les mots portent dans cette consigne toute simple de Jésus.

« Priez »… C’est la seule directive qu’il nous laisse, la seule solution qu’il nous propose, face au manque d’ouvriers et d’ouvrières pour la moisson de Dieu.

Car c’est Dieu qui prépare, qui appelle et qui envoie ; mais il ne peut envoyer que ceux et celles qui auront répondu. Prier pour les vocations, c’est prier pour l’appel, et aussi pour les réponses, pour tous ceux et toutes celles qui ont commencé à répondre, qui luttent et souffrent pour répondre, pour tous ceux que déjà le Verbe de Dieu a fascinés et qui cherchent son visage.

Et nous prions non pas d’une prière résignée, mais d’une prière confiante ; non pas battus d’avance, mais certains de la victoire de Jésus. Non pas dans l’impatience, mais dans la joie très douce de rejoindre l’idée de Dieu, le rêve de Dieu, le projet séculaire et universel du salut. Nous prions, non pas en gardant les yeux sur nos misères, notre impuissance et notre indignité, mais en contemplant le cœur de Dieu qui met sa joie à dépasser nos espérances.

Et en priant ainsi patiemment, quotidiennement, ne croyons pas que nous lassons Dieu. C’est nous qui risquons de nous lasser, en imaginant que Dieu n’entend pas, n’écoute pas, ou qu’il y met … de la mauvaise volonté. La volonté de Dieu est que nous demandions des bras pour la mission, tout comme nous demandons le pain pour chaque jour. Et Dieu, encore aujourd’hui, en chaque aujourd’hui, met sa joie à répondre, mais toujours à l’heure que Lui a choisie.

« Priez donc » … Les ouvriers sont peu nombreux, donc priez. Priez parce qu’on manque de bras, parce qu’il y a pénurie.

Mais qui parle ici de manque, de pénurie ? - C’est Jésus lui-même, qui choisissait et appelait ! Qui se soucie des volontaires que Dieu va appeler ? - Jésus lui-même, qui vient d’envoyer devant lui, deux par deux, soixante-douze disciples ! Au moment même où il envoie, Jésus constate que les ouvriers sont peu nombreux !

Si donc Jésus Messie, de son vivant sur terre, a perçu le manque, c’est que ce manque de bras durera aussi longtemps que la mission de l’Église. L’Église, son Église, n’a donc pas à s’étonner ni à désespérer devant la pénurie, car la disproportion entre l’immensité du travail et le petit nombre d’hommes disponibles dure depuis le temps de Jésus et durera jusqu’à sa venue en gloire.

Jusqu’à la Parousie l’Église, pour la moisson de Dieu, sera en manque d’ouvriers et d’ouvrières ; jusqu’au dernier jour de la mission, l’Église priera en situation de pénurie. Il faut donc nous installer durablement dans la prière, dans l’imploration et dans la confiance ; il faut nous préparer à demander à longueur de vie. Ainsi, la prière pour les vocations ne sera pas seulement un moment ponctuel, un réveil saisonnier, mais une dimension de notre prière en Église, une pente de notre intercession communautaire.

« Priez le Maître de la moisson »

Voilà le formidable optimisme que Jésus lègue à sa communauté ! Il ne dit pas : « Priez le Maître des labours », ni même : « le Maître des semailles », mais bien : « le Maître de la moisson ». Les ouvriers et ouvrières du Seigneur ont parfois et même souvent l’impression que le monde est à l’abandon, que des secteurs entiers de la mission retournent en friche. En réalité, là où nous voyons des herbes folles, Dieu voit déjà la moisson qui lève. Pour Jésus également, pour Jésus missionnaire en Samarie, « déjà les champs étaient blancs pour la moisson » (Jn 4,35).

Quant à nous, jusqu’au dernier jour de la moisson, de cette moisson déjà sur pied, nous entrons dans la réussite de Dieu, dans son travail d’engrangement, et donc dans sa joie de semeur. Et parce que nous partageons déjà avec lui l’enthousiasme de la récolte, c’est à nous de lui réclamer un supplément de bras, un regain de cœur à l’ouvrage.

« Il les envoya deux par deux, et il leur dit : »Priez" ! Ceux qui sont envoyés sont aussi ceux qui prient pour la relève. Ceux qui prient sont déjà envoyés ; ils sont la preuve vivante que Dieu exauce toujours.

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