2e Dimanche T.O. -C-

Bienheureux les invités aux noces de l’Agneau !

Les médias nous parlent de morosité sociale et nous savons bien comment une accumulation de facteurs dépressifs peut en effet induire une démoralisation plus large. Mais heureusement l’inverse est aussi vrai et il suffit parfois d’une bonne bouteille de vin partagée en bonne compagnie pour inverser la tendance. L’Évangile qui nous parle à partir des réalités concrètes de la vie humaine nous en fournit un exemple saisissant avec les noces de Cana ! Ce bon vin versé en surabondance pour la joie des convives devient un symbole de la manifestation de Dieu au monde en Jésus-Christ. Pour entrer dans une nouvelle année avec confiance et optimisme, la liturgie n’a pas lésiné sur les moyens. C’est en effet le troisième symbole qu’elle nous propose ainsi à la suite de la fête de Noël.

Le premier symbole fut celui de la Vie qu’une naissance manifeste au monde par l’intermédiaire des Mages : trois hommes en quête de sagesse ont découvert le sens de leur vie dans la naissance d’un enfant pauvre. Dieu s’est fait connaître alors comme gratuité et promesse à travers le jaillissement de cette vie contemplée en ses balbutiements.

Le deuxième symbole fut celui de la Vie avec Dieu manifestée par le baptême du Seigneur : la libre immersion de Jésus dans l’eau du Jourdain annonce sa victoire sur la mort. Le ciel s’ouvre alors à la terre et transforme nos épreuves, nos passages d’ici-bas en expérience de la Vie avec Dieu dans la dynamique de notre propre baptême.

Le troisième symbole est celui des noces : c’est le symbole de la Vie avec Dieu pour toujours. Le récit l’inscrit adroitement dans le cadre de noces campagnardes qui risquent de tourner à la confusion des jeunes mariés, car on n’a pas prévu suffisamment de vin. Non seulement la fête se poursuit avec le meilleur vin, mais un nouveau monde vient de naître dans le cœur des disciples : « Jésus manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui. » Ils reconnaissent en Jésus la gloire annoncée par le prophète Isaïe : « On te nommera : « préférée », on nommera ta contrée : « Mon épouse », car le Seigneur met en toi sa préférence et ta contrée aura un époux. Comme un jeune homme épouse une jeune fille, celui qui t’a construite t’épousera. Comme la jeune mariée est la joie de son mari, ainsi tu seras la joie de ton Dieu. »

Les noces sont ainsi le symbole de l’alliance définitive de Dieu avec nous en Jésus-Christ. Nous y sommes invités à l’exemple de Marie selon un processus dont elle nous montre le déroulement : Il s’agit d’abord d’être là où les hommes vivent ; la mère de Jésus était là non pas comme absente, étrangère au bruit et à l’agitation de la fête. Elle était là d’autant plus présente à tous qu’elle demeurait présente à Dieu. Il s’agit ensuite d’être là à travers une présence attentive aux autres ; Marie perçoit la détresse des jeunes mariés et en parle à Jésus : « Ils n’ont pas de vin ! ». Elle fait confiance à son Fils jusqu’à accepter que celui-ci mette sa foi à l’épreuve à travers une apparente prise de distance. Il s’agit enfin d’agir en obéissance à la parole de Jésus perçue dans le silence du cœur ; Marie ordonne aux serviteurs d’obéir sans rien savoir de ce que Jésus peut faire : « Quoi qu’il vous dise, faites-le ! » Elle comprend qu’il ne nous appartient pas de réussir par nous-mêmes, mais de poser les gestes de confiance et d’espérance qui sont en notre pouvoir. Parfois ces gestes peuvent paraître dérisoire : à quoi bon verser de l’eau dans les jarres, si les ablutions sont finies depuis longtemps ? Et pourtant, ils ouvrent au miracle toujours saisissant de la vie.

Après l’Épiphanie, symbole de la Vie et le Baptême symbole de la Vie avec Dieu, notre participation par la foi aux noces de Cana nous ouvre au symbole d’une Vie avec Dieu pour toujours. Pour entrer dans la joie de ces noces, Marie nous invite à être là, attentifs aux autres et agissants dans la confiance en son Fils. La joie de Dieu peut alors nous surprendre comme un miracle. Certes, cette joie ne se programme pas, et pourtant c’est elle qui nous rassemble en cette Eucharistie pour célébrer les noces de la vie avec Dieu pour toujours. C’est elle encore qui fait de nous les témoins de cette vie de Dieu avec les hommes à travers notre propre obéissance à la Parole de Jésus.

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