33e dimanche TO -C-

Le prophète Malachie témoigne dans la première lecture de la tradition juive du style apocalyptique et, récemment, un succès cinématographique, avec le film 2012, a montré que notre culture contemporaine est encore marquée par cette crainte apocalyptique. Mais il y a une différence radicale entre l’espérance de la fin des temps née de notre foi et la crainte d’une fin du monde. En effet, le croyant attend le dévoilement final du sens ultime de l’histoire, ce qui fait naître en lui une dynamique pour sa vie et non une peur de destruction totale.

Car ce qui sera destructeur pour les réalités mondaines sera tout au contraire un achèvement pour ce qui a été bâti sur la foi et l’amour. Comme le dit le prophète Malachie, le jour du Seigneur sera une fournaise pour l’impiété, mais pour les fidèles, ce sera un soleil de justice. La fin de ce monde n’est pas son anéantissement, sa destruction totale, mais une nouvelle création, et l’achèvement par le Seigneur lui-même de tous nos efforts pour répondre à la parole de Dieu.

C’est pourquoi Saint-Paul dans la deuxième épître aux Thessaloniciens nous invite à continuer à travailler dans l’attente de la venue en gloire du Seigneur, même si nous savons que ce monde est temporaire et que nos efforts seront toujours limités et imparfaits. Car ce qui sera vide de foi et d’amour sera détruit à la fin des temps, mais ce qui aura été germe de foi et d’amour sera achevé par la grâce de Dieu, et en premier lieu nos propres personnes, nos propres vies. Nos existences et le monde se trouvent donc placer aujourd’hui dans une dynamique historique : du provisoire construit par nos mains vers l’achèvement réalisé par le Seigneur lui-même. Et ce sont ces réalisations provisoires, nos efforts et nos existences dans leur imperfection qui constituent le socle et les matériaux de la construction définitive. C’est pourquoi nous ne pouvons abandonner nos efforts ni baisser les bras.

Notre engagement de chaque jour en réponse à la parole de Dieu, ce que nous essayons de construire par notre vie, tous ces efforts sont nécessaires aujourd’hui, même s’ils ne dureront pas toujours et que nous avons conscience qu’en définitive ils seront marqués par l’imperfection, et même un certain échec. Mais en ce qu’ils expriment notre foi en Dieu, notre amour du prochain et du Seigneur lui-même, ils sont porteurs d’éternité. Il en a été ainsi du Temple de Jérusalem comme le rappelle Jésus dans l’Évangile de ce jour, il en sera de même pour nos cathédrales et de nos églises. Ces bâtiments de pierre comme ce que nous avons construit dans nos vies, tout sera transformé en demeure spirituelle, dans les cieux, à partir de l’amour qui les aura habités ici-bas.

Nous comprenons donc que l’histoire humaine n’est pas destinée à la destruction, à l’anéantissement, et alors nos efforts seraient totalement inutiles, mais que notre histoire est orientée vers la venue en gloire du Seigneur. Et nous devons construire dans nos vies, ce qui tiendra sous le regard de Dieu, notre demeure éternelle, nous commençons à la construire dès ici-bas avec les pauvres matériaux de notre vie.

Cette tension entre le provisoire de nos vies actuelles et l’attente de l’achèvement de la création, nous la célébrons en chaque eucharistie dans les réalités humbles et pauvres du pain et du vin par lesquelles est commémoré le mémorial de la passion de Jésus. Dans ces réalités toutes simples, nous rejoignons l’amour immense et éternel de Dieu comme des germes d’éternité et d’immortalité semées au cœur de nos vies.

Fr. Antoine-Marie Leduc, o.c.d.

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