5e Dimanche de Carême - C-

« Gagner le Christ » Philippiens 3,8-14

Bien des choses s’inversent dans notre vie, dès que nous acceptons de suivre Jésus Christ jusqu’au bout de son mystère : Gagner et perdre, tenir et lâcher, attendre et posséder, tout cela change de signe et change de sens quand Jésus devient le pôle d’une existence.

Les plus belles initiatives, les réalisations les mieux réussies, les projets les plus audacieux on les mieux mûris, tout cela pâlit en comparaison de la connaissance de Jésus Seigneur, tout cela s’efface devant l’expérience vivante du Vivant Jésus Christ.

Qu’est-ce qui donne, en définitive, du prix à une existence ? C’est de gagner le Christ, d’être trouvé en Lui, de ne se chercher qu’en Lui, de ne se trouver vraiment qu’au creux de son amour. Si l’on nous cherche, c’est là que l’on doit nous trouver, parce que Lui seul est digne d’être cherché.

Mais pour se trouver en Lui, il faut se perdre soi-même, c’est-à-dire lâcher sa propre justice. Car la juste relation à Dieu, c’est Dieu qui la donne et qui la suscite : elle n’est pas au bout d’une loi bien observée, ni au bout d’un projet totalement rejoint ; elle se découvre au jour le jour dans le cheminement de la foi, dans l’invention patiente des jours et des mois ; elle se tisse, cette justice de la foi, dans une existence toujours limitée et toujours absolue. C’est cela, sans doute, accepter de tout perdre : il faut lâcher pour recevoir.

Dans un grand « oui » prononcé sur l’existence concrète, il y a une véritable entrée dans les souffrances du Christ, en même temps qu’un cri d’espérance vers la Résurrection. Quand on accepte, pour le Christ, de ne plus se crisper sur le passé, on peut s’ouvrir au monde nouveau que Dieu fait, on voit s’ouvrir une route au milieu de la mer et un passage pascal à travers la mort.

Heureuse vie qui permet cette quête du Seigneur que l’on aime, heureuse course où jamais on ne peut totalement saisir, heureux oubli de tout ce qui nous retient en arrière, parce que, en avant, le Seigneur fait signe.

Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.

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