Baptême de Jésus ; Mt3,13-17

Après la manifestation de Jésus enfant, que nous avons fêtée à Noël et à l’Epiphanie, nous célébrons aujourd’hui, avec le baptême de Jésus, sa première manifestation d’adulte et le début de son ministère.

Regardons d’abord Jésus lui-même : il a trente ans, il se sait Fils de Dieu, un avec le Père ; il se sait chargé d’une mission de salut, de la mission du salut ; il range ses outils et vient au Jourdain. Pourquoi ? Pour inaugurer son activité publique par une sorte de retraite : Jésus prie, il s’offre à sa mission, à son Père pour sa mission.

En même temps il se veut pleinement solidaire de son peuple, solidaire de la démarche spirituelle des meilleurs juifs de son temps. Avec eux il veut accomplir toute justice, c’est-à-dire entrer pleinement dans le projet de Dieu. Solidaire de la détresse spirituelle de tous : il vient prendre sur lui le péché du monde. Il sait que son initiative pourrait être mal comprise, qu’on le considèrera peut-être comme un pécheur parmi les pécheurs, qu’on le croira peut-être inférieur à Jean le Baptiste . Pourtant il vient au Jourdain, il descend dans l’eau comme tout le monde, comme tous ces croyants de bonne volonté décidés à vivre selon le meilleur d’eux-mêmes.

Brusquement, c’est la réponse de Dieu le Père. Dieu sort de son silence, le ciel s’ouvre pour ainsi dire ; Dieu donne un symbole à voir et une parole à entendre. Symbole pour les yeux : une colombe visible par tous, l’Esprit descend sur les eaux du Jourdain comme il a plané sur les eaux de la première création ; l’Esprit Saint désigne Jésus par un vol très précis, l’Esprit Saint demeure sur Jésus, Messie de Dieu, selon la parole de Dieu en Isaïe : « J’ai fait reposer sur lui mon Esprit » (Is 42),

la voix du Père se fait entendre de tous, pour interpréter le symbole, et s’adresse pourtant à Jésus seul :

  • tu es mon Fils, en toi je me suis complu,
  • moi aujourd’hui je t’ai engendré " ;
  • mon Esprit (c’est-à-dire ma force porteuse de vie) est en toi.

Dieu lui-même identifie le Fils et le présente à Israël.

Ainsi, au centre de tout, il y a Jésus. Vers lui convergent

  • le vol de l’Esprit,
  • la parole du Père,
  • le témoignage du Baptiste.

Dieu élève celui qui vient de s’abaisser, et en réponse à l’humilité de Jésus, Dieu lui déclare en quelque sorte :

  • tu es mon Fils depuis toujours,
  • tu es choisi,
  • tu es envoyé,
  • tu es aimé.

Et Jésus, vrai Dieu mais aussi vrai homme, est heureux de s’entendre dire, au début d’une mission qui engage toute sa vie :

  • tu es choisi exprès,
  • tu es envoyé exprès,
  • tu es aimé.

Et maintenant regardons- nous, nous tous filles et fils de Dieu. Aujourd’hui Dieu nous invite à donner tout son sens à notre propre baptême, à vivre notre baptême, c’est-à-dire notre être de chrétien. Nous pouvons vivre une vraie relation de fils et d’une fille vis-à-vis de Dieu, l’engagement d’un fils toujours pécheur, mais toujours pardonné, toujours rétif, mais toujours aimé. Dieu nous donne d’accueillir l’Esprit Saint, qui vient faire en nous toutes choses nouvelles. Notre vie en Dieu scellée au baptême nous rend solidaires ; nous vivons une communion avec le vouloir de Dieu sur le monde. Nous faisons l’expérience d’une solidarité avec tous les hommes en quête de Dieu. Une double communion, donc avec Dieu dans le Christ, avec les hommes dans le Christ.

Voilà ce qu’il nous faut vivre, voilà ce que nous vivons, présentement, dans cette Eucharistie, parce que nous sommes rassemblés par le Christ pour offrir ensemble à Dieu le Père toute notre vie d’homme et la vie de tous les hommes.

De tout temps, l’Eglise, en méditant cet événement du baptême de Jésus, y a vu l’annonce de notre propre baptême. Et de fait, notre baptême, qui fut un acte du passé, mais qui s’étale sur toute notre existence, nous fait vivre à longueur de vie ce que Jésus, vrai Dieu et vrai homme, à vécu parmi nous sur la terre.

Fr. Jean-Christian Lévêque ; o.c.d.

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