Homélie 4° dim. de Pâques : conversion et vocation

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques du 4e dimanche de Pâques (année C) : Ac 13, 43-52 ; Ps 99 ; Ap 7,9.14-17 ; Jn 10, 27-30

"Chers frères et sœurs, Comme je voudrais, au cours du Jubilé extraordinaire de la Miséricorde, que tous les baptisés puissent expérimenter la joie d’appartenir à l’Église ! Puissent-ils redécouvrir que la vocation chrétienne, ainsi que les vocations particulières, naissent au sein du peuple de Dieu et sont des dons de la miséricorde divine. L’Église est la maison de la miséricorde, et constitue le « terreau » où la vocation germe, grandit et porte du fruit." Tels sont les premiers mots du message du pape François pour la 53e Journée mondiale de prière pour les vocations. Ces mots nous invitent à reconnaître la place de l’Eglise dans nos vies et d’en éprouver de la joie !

Regarder, considérer l’Eglise comme lieu de la miséricorde divine et le « terreau » où la vocation germe. Le pape écrit encore : "L’action miséricordieuse du Seigneur pardonne nos péchés et nous ouvre à la vie nouvelle qui se concrétise dans l’appel à sa suite et à la mission. Toute vocation dans l’Église a son origine dans le regard plein de compassion de Jésus. La conversion et la vocation sont comme les deux faces d’une même médaille et elles se rappellent sans cesse à nous, dans notre vie de disciple missionnaire." Conversion et vocation sont les deux faces d’une même médaille. L’image est intéressante car elle illustre cette vérité que tout se tient dans la foi chrétienne. Tout se tient, en effet. Si vous lâchez un élément essentiel, tout le reste s’écroule.

Une Eglise sans mission est une Eglise sans vocation, elle est une Eglise sans vitalité, une Eglise qui est sur un chemin de mort. Un chrétien qui n’est pas missionnaire, est objectivement indifférent au sort de ses semblables, c’est un chrétien qui ne se convertit pas, c’est un chrétien qui tourne le dos à sa vocation, qui passe à côté de la vraie vie ! La crise des vocations dans les Eglises européennes, et pas seulement en Europe, est un indicateur d’un plus grand problème, d’un problème général, d’une panne de la foi, de l’espérance et de la charité, d’un manque de conversion dans le peuple de Dieu.

Revenons à l’Evangile du jour. L’Evangile du Bon Pasteur, celui du 4e Dimanche de Pâques, est donc celui de la Journée mondiale de prière pour les vocations. Cet Evangile est très bref, pour un dimanche, puisqu’il n’a que 4 versets. On appelle cet Evangile « l’Evangile du Bon pasteur » parce que Jésus s’adresse à ses disciples en les désignant par le terme de « brebis ». Jésus commence par dire : « Mes brebis écoutent ma voix ». La grande qualité de la brebis est d’être obéissante au pasteur. Et que dit cette voix ? Elle leur parle de leur origine et de leur destinée : la vie éternelle. Elle dit aussi que cette vie, qui leur est donnée, se passe dans la proximité salutaire de Dieu, « elles me suivent » « personne ne les arrachera de ma main ».

Cette voix enseigne aussi que Dieu est Père et ce Père «  est plus grand que tout ». Bien des croyants aujourd’hui doutent de la grandeur de Dieu. Dieu n’est-il pas dépassé par les évènements ? Bien sûr que non ! C’est nous, les hommes, qui sommes dépassés par les évènements, qui sommes plongés dans le tourbillon d’un monde désordonné et désorienté qui ne sait où il va. Croyons que le Père est plus grand que tout, faisons-Lui confiance, quoi qu’il arrive dans notre vie. Personne n’a le pouvoir de nous séparer de Lui, sinon nous-mêmes qui avons, en effet, cette liberté. Une liberté devenue folle dans cette hypothèse !

" L’appel de Dieu, dit le pape François, nous arrive à travers la médiation de la communauté . Dieu nous appelle à faire partie de l’Église et, après un certain temps de maturation en elle, il nous donne une vocation spécifique. Le parcours vocationnel se fait avec les frères et les sœurs que le Seigneur nous donne : c’est une convocation. Le dynamisme ecclésial de l’appel est un antidote à l’indifférence et à l’individualisme. Il établit cette communion dans laquelle l’indifférence a été vaincue par l’amour, parce qu’il exige que nous sortions de nous-mêmes, en mettant notre existence au service du dessein de Dieu." En répondant à cet appel, nous nous rapprochons de Dieu et de ses enfants et nous entrons dans cette unité finale, notre horizon de vie, affirmée par ce « Le Père et moi, nous sommes UN  ». Dans cette unité nous recevons la vraie vie.

La vie, nous l’aimons, même si parfois il nous arrive d’en douter, voire d’en désespérer. Le mystère pascal, que nous célébrons en ce temps liturgique, a la force de vérité et d’amour que lui donne la traversée victorieuse de la mort de Notre Seigneur Jésus Christ. Une traversée qui conduit à la vraie vie, la vie de Dieu. Là où « ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. » Frères et sœurs, prions le Père de miséricorde, qui a donné son Fils pour notre salut et qui nous soutient sans cesse par les dons de son Esprit, qu’Il donne vie à des communautés chrétiennes vivantes, ferventes et joyeuses, qui soient sources de vie fraternelle et qui suscitent chez les jeunes le désir de se consacrer à Lui. Amen

fr. Robert Arcas, ocd (Couvent de Paris)
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