Homélie pour ND du Mt Carmel - 16 juillet 2012

Fête de famille, grande fête qui se perpétue au long de l’histoire, une longue, une très longue histoire comme tentent de nous l’indiquer les très beaux textes de la liturgie.

mariecarmel

Le choix de la première lecture, tirée du livre des Rois se veut être un rappel de l’enracinement du Carmel dans l’Ancien Testament puisque les écrivains du Carmel ont toujours reconnu dans ce petit nuage, aussi petit que la paume d’un homme, la préfiguration de la Vierge Marie ainsi que le mystère de sa conception virginale. Présence maternelle de Marie qui veillait déjà en figure sur l’Ordre à venir. Je ne m’arrêterai pas ici sur les batailles homériques avec les jésuites – les bollandistes – batailles que nous avons livrés pour justifier une succession ininterrompue de prophètes d’Elie jusqu’aux successeurs légitimes : les carmes. Contemplons plutôt la présence de la Vierge Marie tout au long de l’histoire, de notre histoire. Ainsi, fêter encore aujourd’hui Notre Dame du Mont Carmel, c’est reconnaître à travers l’histoire de l’Ordre la présence de la Vierge Marie, une présence protectrice comme l’iconographie nous le rappelle – sur les tableaux ou les icônes, la Vierge Marie prend sous son manteau l’Ordre tout entier. Et c’est bien là tout le sens de l’Évangile bien connu selon saint Jean que nous méditons en ce jour.

La Vierge Marie se trouve comme à la jointure entre le Christ et nous, entre le Christ et toute l’humanité. Et elle se trouve comme au cœur, au centre de ce mystère du salut que Dieu a voulu, voulant se faire semblable à nous pour nous faire semblable à lui, voulant partager sa vie, voulant entrer dans notre misère pour que nous puissions entrer dans son mystère. Ainsi la Vierge Marie, comme une conséquence de cette étroite union qu’elle avait avec le Fils de Dieu, a reçu une union très étroite avec chacun d’entre nous. Et ceci s’exprime à la Croix quand Jésus, au moment de quitter ce monde par sa mort rédemptrice, fait de Marie la Mère, non plus seulement de lui-même, mais de l’humanité tout entière, la Mère de chacun de ses frères à travers la personne de saint Jean : « Voici ta Mère, voici ton fils ». À travers la personne de saint Jean, c’est à chacun d’entre nous, c’est à l’humanité tout entière, c’est à l’Église qui est le corps du Christ, c’est à chacun de nous que Jésus donne Marie pour Mère. Voilà où nous entraîne l’évocation de cette page d’Évangile selon saint Jean, recevoir la Vierge Marie pour mère afin d’entrer plus avant dans le mystère de son Fils. Le rappel de ce don qui nous est fait sur la Croix et le signe de cette protection, c’est tout simplement le scapulaire que la Vierge a donné pour l’Ordre de la Bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel à travers les vicissitudes de l’histoire.

La solennité de Notre Dame du Mont Carmel n’est pas réservée aux carmes, aux carmélites et à l’ordre séculier, elle se veut aussi une fête qui associe en particulier tous ceux qui portent le scapulaire, ce petit morceau d’étoffe brune que l’on porte sur les épaules devant et derrière. Recevoir le scapulaire, c’est choisir de vivre et de témoigner de l’Évangile dans un renouvellement et un approfondissement de la consécration de notre baptême. C’est avoir le désir de s’attacher au Christ plus étroitement, l’imitant dans une vie tout abandonnée à la volonté du Père. C’est décider en fait de se mettre à l’école de la Vierge Marie. « Le Carmel est tout marial » avait encore rappelé le pape Léon XIII. La Vierge Marie nous conduit de la montagne du Carmel – montagne de la victoire d’Elie sur les prophètes de Baal ainsi que de l’intercession d’Élie pour demander la pluie en faveur de la sécheresse – à la montagne du Thabor puis du Golgotha où Dieu livre son Fils, la source du salut, et Jésus précisément nous donne sa Mère pour nous y conduire. Elle est là à nos côtes lorsque nous montons sur la montagne, lorsque nous nous égarons sur le chemin et que nous faisons fausse route. Comme c’est un chemin à la suite du Christ, la Vierge Marie donne alors aux enfants du Carmel un humble signe en gage de protection : le scapulaire, symbole d’appartenance, rappel de ces humbles vertus dont doivent se revêtir sans cesse ceux qui marchent dans la nuit de la foi jusqu’à cette montagne qu’est le Christ.

Rendons grâce au Seigneur Jésus de nous avoir donné sa Mère, la Vierge Marie, et qu’elle intercède pour nous et tous ceux qui se confient avec foi en sa prière. Renouvelons avec foi nos engagements de marcher à la suite du Christ, que la Vierge Marie nous aide dans toutes nos situations. Amen.

fr. Christophe-Marie de l’Amour miséricordieux ocd
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