O nuit qui m’avez guidé,

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Un signe de croissance spirituelle

"Quand l’âme se détermine généreusement à servir Dieu, elle est l’objet de ses attentions ; voyez la conduite d’une tendre mère pour son enfant chéri : elle le réchauffe sur son sein, elle le nourrit d’un lait savoureux ainsi que de mets délicats, elle le porte dans ses bras, elle le couvre de ses caresses. A mesure que son enfant grandit, elle s’applique peu à peu à lui enlever les caresses, à lui cacher la tendresse de son amour, à l’éloigner de son doux sein, à le poser à terre pour qu’il s’exerce à marcher par lui-même, laisse les imperfections de l’enfance et acquière de la force. C’est ce que fait la grâce de Dieu.« (NO p. 485) »Le Seigneur les laisse dans des ténèbres si profondes qu’ils ne savent plus se diriger à l’aide de l’imagination et du discours. Ils sont incapables de méditer. Non seulement ils ne goûtent plus les choses spirituelles, mais au contraire, ils n’y trouvent que dégoût et amertume.
La raison en est qu’ils ont grandi quelque peu et Dieu, pour les fortifier et les sortir de leurs langes les sèvre du lait de ses consolations, il les pose à terre et leur enseigne à marcher par eux-mêmes.« (NO p. 510) »Ce qui convient à ceux qui sont dans cet état, c’est de se consoler en persévérant dans la patience, de ne pas se laisser aller à la peine, et de se confier en Dieu car il n’abandonne pas ceux qui le cherchent avec simplicité et un cœur droit, il ne manque pas de donner ce qui est nécessaire au voyageur jusqu’à ce qu’il l’ait élevé à la pure et claire lumière d’amour.« (NO p. 519) »L’âme doit rester dans la paix et dans le calme alors même qu’il lui semblerait qu’elle ne fait rien ou qu’elle perd son temps ou que c’est à cause de sa tiédeur qu’elle n’a nulle envie de s’occuper de quoi que ce soit. Ce sera beaucoup qu’elle garde la patience et la persévérance dans l’oraison sans y rien faire. Elle se contentera seulement d’une attention pleine d’amour et de paix en Dieu mais sans apporter de préoccupation, de désir ardent ou même de simple envie de le sentir ou de le goûter.« (NO p. 520) »Ces progressants ont encore des manières d’agir avec Dieu qui sont très basses. L’or de leur esprit n’est pas encore purifié et poli ; ils comprennent les choses de Dieu comme des petits enfants ; ils en parlent comme de petits enfants, ils les goûtent et les sentent comme de petits enfants. Car, dit Saint Paul : ils ne sont pas encore arrivés à la perfection (1 Co 13,11), c’est-à- dire à l’union… avec Dieu. C’est par cette union qu’ils deviennent grands.« (NO p. 554) »La flamme de Dieu est très ample et immense, mais la volonté qui est petite et étroite souffre lorsque la flamme l’investit pour la dilater, l’élargir et la disposer à être elle-même reçue. Cette flamme contient une infinité de richesses, de bonté et de délices ; mais l’âme par elle-même n’étant que pauvreté et n’ayant rien pour se satisfaire, connaît et sent clairement ses misères, sa pauvreté et sa malice à côté des trésors de cette flamme dont elle ignore le prix." (VF 1)
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La nuit de la foi sera mon guide

(Psaume de David)

"La disposition de l’âme au milieu des sécheresses et du vide de ses puissances est d’avoir, d’une façon habituelle, la sollicitude et le soin de plaire à Dieu ainsi qu’une peine et une crainte de ne pas le servir. Or, ce n’est pas un sacrifice peu agréable à Dieu que celui d’une âme qui souffre et qui est pleine de sollicitude par amour pour lui.« (NO p. 523) »Cette nuit obscure de la contemplation envahit l’âme . Elle la place si près de Dieu que Dieu est son soutien et qu’elle est affranchie de tout ce qui n’est pas Dieu.« (NO p. 620) »Mais les taches du vieil homme restent encore dans l’esprit… Voilà pourquoi si on ne les fait pas disparaître avec le savon et la forte lessive de la purification de cette nuit, l’esprit ne pourra parvenir à la pureté de l’union divine.« (NO p. 550) »On oblige l’âme à marcher dans l’obscurité et la pureté de la foi…« (NO p.552) »Si l’âme est en sûreté en marchant au milieu de ces ténèbres, c’est qu’elle y a souffert ; or, le chemin de la souffrance est plus sûr et même plus profitable que celui de la jouissance et de l’action personnelle ; tout d’abord parce que, quand on souffre, on reçoit des forces de Dieu, tandis que, quand l’âme agit et se trouve dans la jouissance, elle met en mouvement ses misères et ses imperfections ; en second lieu, c’est dans la souffrance que l’on s’exerce et que l’on augmente peu à peu les vertus, c’est alors aussi que l’âme se purifie et grandit en sagesse et en prudence." (NO p. 620)
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La contemplation pure consiste à recevoir.

cf. VF 3, 7

"Il faut savoir que si l’âme cherche Dieu, son Bien-Aimé qui est Dieu la cherche elle-même avec infiniment plus d’amour.« (VF 4) »Pour approcher de Dieu, l’entendement doit plutôt faire abnégation de ses lumières que chercher à s’en servir, se mettre dans l’obscurité et les ténèbres qu’ouvrir les yeux afin d’arriver au rayon divin. La contemplation… est sagesse cachée de Dieu parce qu’elle est cachée à l’entendement lui-même qui la reçoit.« (MC II,7) »L’âme doit bien considérer que dans cette affaire, c’est Dieu qui est le principal agent. Il doit la conduire par la main là où elle ne saurait aller par elle-même. Son principal souci doit consister à ne pas mettre d’obstacle à Dieu qui la guide dans le chemin qu’il lui a préparé et qui n’est autre que celui de la perfection de l’amour de Dieu, de la Loi de Dieu et de la foi.« (VF 3,4) »L’âme n’a qu’à recevoir passivement l’action de Dieu ou à se conduire comme quelqu’un qui reçoit et en qui on agit, se contenter d’élever avec amour son attention vers Dieu, garder pour Dieu une attention pleine d’amour, simple, candide, comme le fait quelqu’un qui ouvre les yeux pour regarder avec amour. (…) Il faut que l’esprit soit tellement libre et indépendant par rapport à tout créé que tout ce qui est pensée, discours ou jouissance dont l’âme voudrait se servir serait pour elle un obstacle et une préoccupation qui troublerait ce silence profond qu’il lui convient de garder pour écouter cette parole si profonde et si délicate que Dieu lui dit au cœur dans la solitude ou pour écouter au sein d’une paix et d’une tranquillité souveraine la parole que le Seigneur lui adresse.« (VF 3,5-6) »C’est là, dans le secret, que Dieu instruit l’âme et lui apprend la perfection de l’amour sans qu’elle-même y coopère ou comprenne de quelle sorte est cette contemplation." (NO p. 558)
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L’image du bois enflammé

« Cette contemplation renferme une foule de biens d’une excellence extrême, et l’âme qui les reçoit est remplie d’une foule de misères, aussi est-elle le champ de combat où ces deux contraires vont lutter l’un contre l’autre. » (NO p. 560)

« L’âme a tant d’amour pour Dieu, comme c’est d’ailleurs son unique souci, et elle se voit si misérable qu’elle ne peut s’imaginer l’amour que Dieu lui porte ni qu’il ait ou qu’il puisse jamais avoir des motifs de l’aimer. » (NO p. 575)

"Le feu matériel appliqué au bois commence par le dessécher, il en expulse l’humidité et lui fait pleurer toute se sève. C’est alors qu’ il commence par le rendre peu à peu noir, obscur, vilain, il lui fait répandre même une mauvaise odeur ; il le dessèche insensiblement, il en tire tous les éléments grossiers et cachés qui sont opposés à l’action du feu. Finalement, quand il commence à l’enflammer à l’extérieur et à l’échauffer, il le transforme en lui-même et le rend aussi brillant que le feu. En cet état, le bois a déjà en lui les propriétés et les forces actives du feu. Il est sec et il dessèche ; il est chaud et il réchauffe ; il est lumineux et il répand sa clarté ; il est beaucoup plus léger qu’avant, et c’est le feu qui lui a communiqué ces propriétés et ses effets. (…) Nous devons raisonner de la même manière avec ce feu divin d ’amour de contemplation qui, avant de s’unir à l’âme et de la transformer en soi, la purifie d’abord de tous ses éléments contraires. Il en fait sortir toutes ses souillures, li la rend noire, obscure ; aussi apparaît-elle pire qu’avant, beaucoup plus laide et abominables qu’avant. Il lui semble évident que , non seulement elle est indigne du regard de Dieu mais qu’elle mérite qu’il l’ait en horreur.« (NO p. 589) »Si le bois s’enflamme plus ou moins vite, selon qu’il est plus ou moins disposé à recevoir le feu, l’âme, de son côté, s’embrase de plus en plus d’amour au fur et à mesure qu’elle se dépouille et se purifie par le moyen de ce feu d’amour.« (NO p. 510) »Cette nuit obscure du feu d’amour, tout en purifiant l’âme dans les ténèbres, l’éclaire aussi peu à peu dans les ténèbres. S’il y a dans l’autre vie un feu ténébreux qui purifie les esprits, il y a aussi sur cette terre un feu plein d’amour ténébreux et spirituel où l’âme se purifie. Sur la terre, c’est l’amour seul qui purifie et éclaire, car la pureté de cœur n’est pas autre chose que l’amour et la grâce de Dieu. Aussi ceux qui ont le cœur pur sont-ils appelés « bienheureux » par notre Sauveur, ce qui signifie qu’ils sont remplis d’amour, puisque la béatitude ne se donne qu’à l’amour." (NO, p. 597-598)

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