Thérèse d’Avila : éléments biographiques

Repères biographiques

Vingt ans au sein de sa famille pour développer ses dons, sa personnalité. Intelligente et passionnée, Thérèse captive les cœurs et mène la bande des frères et des cousins. Son milieu social de juifs convertis et ennoblis explique son ouverture d’esprit, son univers relationnel, sa bonne formation, son goût de la lecture.

Thérèse enfant a déjà le sens de l’éternité et s’intéresse à ce qui dure « toujours ». Elle rêve d’imiter les martyrs et ose partir avec un de ses frères pour le sud, espérant mourir pour sa foi face aux maures qu’elle imagine encore actifs en Andalousie. Son oncle les arrête aux limites d’Avila…

Thérèse enfant, la fuite vers les Maures

A l’adolescence, Thérèse perd ses grands désirs spirituels et se met à vouloir plaire, surtout à un de ses cousins… ce qui ne plait guère à son père. Celui-ci la met en pension chez des religieuses augustines. Là elle réfléchit à son avenir et songe à entrer au monastère car la vie de femme mariée lui semble terrible. Elle connaît la vie de sa mère, décédée quand Thérèse avait 13 ans, passée pour l’essentiel en grossesses.

A 20 ans, la jeune femme entre au monastère des carmélites de l’Incarnation d’Avila pour des motifs discutables mais aussi, plus secrètement, en fidélité à cette intuition intérieure venue de sa petite enfance.

Thérèse passe vingt sept ans dans cette communauté très nombreuse, de style encore moyenâgeux. Elle en reçoit une bonne initiation à la tradition du Carmel et à la vie religieuse. L’adaptation est heureuse … et très rude. Thérèse y laisse sa santé et frôle la mort. Les vingt premières années se passent sans événements très notables. Ce sont vingt ans de désirs et d’efforts impuissants pour donner vraiment sa vie à Dieu.

Et puis, Thérèse fait soudain la brûlante rencontre de Jésus crucifié. Il devient son maître et son ami, il lui parle, il se fait voir. Expériences exceptionnelles qui l’obligent à un long travail de discernement, qui la font accéder à une nouvelle vie. Thérèse veut faire quelque chose pour Dieu : elle cherche à mener vraiment sa vie de carmélite, à partager son expérience avec d’autres.

Thérèse d’Avila en prière

En 1562, sous son impulsion, le petit monastère de Saint-Joseph est fondé, création d’un type nouveau de communauté, mieux adapté à l’époque et cherchant à être intérieurement plus fidèle à la tradition du Carmel.

Pendant 20 ans Thérèse va poursuivre son chemin en entraînant les autres. Elle quittera son petit recoin de Dieu, à Avila, pour partir sur les mauvaises routes de Castille et d’Andalousie et donner naissance à 17 monastères. Elle suscite le même élan chez les carmes, dont l’un des premiers fut Jean de la Croix.

20 ans de joies et de tracas, d’affaires à mener en bousculant les oppositions de tous ordres, 20 ans pour nous laisser des écrits qui comptent parmi les chef-d’œuvres de la littérature et de la spiritualité.

Itinéraire d’une femme exceptionnelle, d’une vie dont l’extraordinaire nous invite à la lecture, en profondeur, de l’ordinaire de nos vies.

Contexte historique

En 1515 l’exploration du nouveau monde est commencée. La jeune imprimerie se met au service d’une Renaissance humaniste, comme du renouveau de l’Église. Elle permet la diffusion de la Bible et des œuvres de multiples courants spirituels qui tentent de surmonter les crises de la fin du Moyen Âge.

En 1517, Charles Quint prend possession de son Royaume de Castille, cœur intellectuel et spirituel d’un empire immense sur lequel le soleil ne se couche pas. Il ouvre ses Royaumes d’Espagne aux vents nouveaux de l’Europe des Temps modernes, à ses questions. « Dans les temps à venir, cet Ordre sera florissant. »

En 1582 les choses ont bien changé. Les crises économiques, nationales, politiques, avec les guerres qui en résultent ont marqué l’échec d’une certaine Renaissance. Philippe II ne se soucie plus que de conserver ses domaines espagnols, d’étouffer toute dissidence politique et religieuse. C’est désormais l’affrontement des nationalismes, et, avec la Réforme, la division de la chrétienté.

Face aux défis de ce temps, les réponses les plus fortes, les plus ouvertes, venues d’Espagne, demeurent l’itinéraire des saints et des mystiques.

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