Vendredi Saint 2007 ; Jean 18-19

Les trois paroles de Jésus en croix

D’après l’Évangile de Jean, Jésus sur la croix a parlé à trois reprises.

La première fois, pour nous donner à sa mère et nous donner sa mère : « Voici ton fils … voici ta mère ». Au disciple qu’il aimait, Jésus a donné celle qu’il aimait le plus au monde. Il avait promis le soir du Jeudi Saint : « Je ne vous laisserai pas orphelins » ; et de fait il nous a laissé une mère, pour qu’avec elle, dans la foi et l’espérance, nous entrions dans le mystère de son heure, c’est-à-dire de sa passion glorifiante.

Ainsi, au moment même où son Fils mourait pour le péché des hommes et par le péché des hommes, Marie inaugurait sa maternité universelle envers tous les disciples de son Fils jusqu’à la fin des temps.

Et Marie nous montre comment vivre le drame de la passion et de la mort de Jésus. Son chagrin est immense, et elle ne peut comprendre ce déchaînement de la haine contre son Fils, qu’elle a connu doux et humble de cœur, mais avec Jésus elle dit oui au dessein du Père, elle dit oui au salut du monde, offrant sa peine avec Jésus qui offre sa vie.

Viennent alors la deuxième et la troisième paroles de Jésus en croix. Sachant que tout était achevé désormais, sachant que le don de sa mère était le couronnement de son œuvre sur terre et que sa mort sur la croix allait refermer le livre de sa vie parmi nous, Jésus voulut refermer solennellement sur lui-même le livre des Écritures et s’y draper pour toujours. Pour que toute l’Écriture soit accomplie, et avant tout la destinée du Serviteur, Jésus dit : « J’ai soif ». Un soldat porta à ses lèvres une éponge. Ainsi s’accomplissait la plainte du Psalmiste : « Dans ma soif, ils m’ont abreuvé de vinaigre ».

Puis Jésus dit : « C’est accompli ». Elle était accomplie en effet, l’œuvre que le Père lui avait donné à faire, le dessein qui faisait chaque jour sa nourriture, le projet du salut du monde par le don total de son amour au Père. Alors Jésus inclina la tête et « remit l’Esprit ».

Il « remit l’Esprit », dit l’Évangile ; et ces simples mots ouvrent notre cœur à deux aspects du mystère de Jésus, Fils de Dieu. À ce moment où il rend le dernier souffle, Jésus prélude à l’effusion du souffle de vie sur le monde. Après avoir remis son souffle, il va transmettre l’Esprit Saint. Et c’est pourquoi, de son côté ouvert par la lance, va jaillir l’eau, symbole de l’Esprit de vie.

Dans la passion et la mort de Jésus, seul l’amour est splendide, seul l’amour donne un sens à l’injustice et à la souffrance. Et notre réponse à ce mystère ne peut être qu’une réponse d’amour. Amour pour celui qui nous aime et s’est livré pour nous, amour pour ceux et celles qu’il nous demande d’aimer. Car « la charité, c’est tout sur la terre » (Petite Thérèse) : on peut mourir les mains vides, sans œuvres, sans souvenirs, sans réputation ; mais on n’aura pas vécu si l’on n’a pas aimé.

Notre vie pèse et pèsera son poids de charité ; et plus nous nous sentons aimés et appelés par Dieu, plus il faut nous préparer à aimer « jusqu’à la fin ».

Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d. C’est cela, pour nous « le langage de la croix » (1 Cor 1,18).

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