St Jean de la Croix, prêtre,docteur de l’Église - 14/12/21

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année B) : So 3, 1-2.9-13 ; Ps 33 (34) ; Mt 21, 28-32

Jean de la Croix, une âme d’Espagne au XVIe siècle, un peu plus jeune que Thérèse d’Avila, épris tout comme elle de l’amour de Dieu, entendons de l’amour que Dieu lui porte et de l’amour par lequel il répond. Il quitte tout pour aller chercher ce Dieu qui s’est révélé à lui en Jésus-Christ. Dieu se révèle comme ami, comme proche, comme quelqu’un de tout prêt de lui à qui il peut parler :

Où T’es-Tu caché, Ami,
Toi qui me laissas dans les gémissements ?

Jeu de l’amour qui vient nous arracher à nos attaches pour nous aider à nous tourner vers l’essentiel. Dans cette aventure Jean de la Croix chante, car il est poète à ses heures, il chante cette beauté au-delà de toute beauté :

Non, jamais, pour toute la beauté,
Jamais je ne me perdrai,
Mais pour un je ne sais quoi
Que l’on vient d’aventure à gagner.

S’oublier pour l’être aimé, se détacher du monde par un amour plus grand de Dieu. Retenant ce passage du NT : « pour plaire à Dieu, il faut croire qu’il est » Hb 11, il se livre par la foi à cet amour premier de Dieu. Par la foi, c’est le chemin du cœur qui s’ouvre peu à peu à la présence Dieu à l’intime de l’être. La foi est le guide sûr qui conduit en ce lieu du cœur profond.

Au sein de la nuit bénie,
En secret - car nul ne me voyait,
Ni moi je ne voyais rien -
Sans autre lueur ni guide
Hors celle qui brûlait en mon cœur

S’avançant un peu plus, il sent l’amour le purifier, l’unifier :

Voici l’œuvre qu’opère l’amour
Depuis que je le connais :
Que s’il trouve bien ou mal en moi,
Tout devient même saveur,
Et mon âme en soi-même il transforme.
Dans sa flamme savoureuse
Que je sens ainsi brûler en moi,
Vite et sans que rien ne reste
Je vais me consumant tout entier.

Voici ainsi résumé l’itinéraire spirituel qui se propose à nos vies, voici ainsi résumé l’enjeu de nos vies qui est de découvrir l’amour indicible que nous porte Dieu et de s’y livrer, où que nous soyons, car cela est proposé à tout être humain. Oui notre vie a un sens. Dieu en Jésus vient l’ouvrir. Il ne vient pas pour juger, mais pour nous sauver. Il nous est demandé de prendre un peu de recul par rapport à notre vie, à notre agitation, de regarder du côté de l’enfant qui va naître, du côté de la croix où cet enfant va mourir, de mieux regarder cette croix qui s’ouvre en des rayons étincelant vers notre destinée d’enfants de Dieu, là où nous sommes infiniment aimés. Il nous faut prendre un peu de temps chaque jour pour laisser cela descendre en nos cœurs et les laver de tant d’obscurités, qui un quart d’heure, qui une heure, à chacun son désir, ses possibilités aussi.
Nous sommes faits pour la vie. Pour l’éternité.

Frère Yannick Bonhomme, ocd - (couvent d’Avon)
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