33e Dimanche T.O., Mt 25,14-30

« Serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître. »

Les lectures de ce dimanche veulent nous stimuler dans notre attente du Seigneur. Les derniers dimanches du temps ordinaire rejoignent et préparent le temps de l’avent qui est toujours trop court. Dès lors, sans tarder, la Parole de Dieu nous invite à la vigilance active. Tout d’abord parce que, comme le rappelle St Paul dans son épître aux Thessaloniciens, nous ne savons pas la date de cette venue du Christ en gloire, et d’ailleurs cela n’a pas d’importance. « Au sujet de la venue du Seigneur, il n’est pas nécessaire qu’on vous parle de délais ou de dates ». Ce qui importe réellement, ce n’est pas de savoir quand le Seigneur viendra, mais de savoir si nous serons prêts à l’accueillir. Et si nous sommes prêts à l’accueillir, qu’importe qu’il vienne demain ou après-demain, nous serons là en tenue de service.

Mais cette incertitude du moment où le Christ viendra peut entrainer chez nous différentes attitudes, c’est pourquoi la liturgie de ce jour veut nous indiquer la meilleure voie pour ne pas manquer le rendez-vous : nous sommes invités à une vigilance active et confiante et non à une inquiétude peureuse et paralysante. Ce que saint Paul traduit en disant : « ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres ».

En effet, dans l’attente du Seigneur, il ne s’agit pas seulement de rester actif, de s’occuper, mais d’être prêt à recevoir, à accueillir pour une rencontre d’amour. Il ne s’agit pas simplement de savoir qu’il viendra, mais de nous réjouir de son retour, comme d’une fête, car ce sera alors la réalisation des promesses, l’accomplissement du Royaume. C’est pourquoi la première lecture nous donne en exemple la femme au foyer dont la seule raison du service est l’amour partagé dans la famille. La femme, mère de famille et épouse, prépare joyeusement le retour des enfants et de son mari, sa joie est celle de la réussite de l’amour familial et conjugal. Et il doit en être de même du travail de l’homme marié !

À cet égard d’ailleurs, nous pouvons noter que le serviteur qui sera blâmé au retour du maître pour ne pas avoir fait fructifier ses talents connaissait et attendait le retour de son maître, il ne s’était pas endormi. Mais cette attente était vécue dans l’inquiétude et la crainte : « je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. » Et en contrepoint, l’évangéliste ne nous dit presque rien des pensées et des réflexions des deux autres serviteurs après le départ de leur maître. Il nous dit seulement qu’ils se mettent tout simplement au travail, sans plus de préoccupations. « Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s’occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. »

Saint Mathieu nous montre ainsi qu’il y a différentes manières de garder au cœur la mémoire du Seigneur, une qui paralyse, la peur et la crainte, et une autre qui libère les énergies, la confiance. L’appel à la vigilance, à garder la mémoire du Seigneur dans l’attente de son retour glorieux, cet appel n’est pas une invitation à nous torturer l’esprit sur une probable date et encore moins à nous laisser envahir par l’insécurité du temps ou les menaces. Car tout cela ne produira aucun bon fruit. La parabole des talents nous montre que chacun des serviteurs agit selon l’image de Dieu qu’il porte en son cœur, et le fruit de son travail correspond à l’image positive ou négative qu’il se fait de son Dieu.

Si nous gardons au cœur de la mémoire du Seigneur, c’est la pensée de sa miséricorde qui doit résonner en nous. Si nous l’attendons, sans connaître de date pour sa venue glorieuse, c’est un espace ouvert à notre liberté et à notre responsabilité pour faire fructifier nos dons, pour préparer les festivités et la venue du Royaume.

Au lieu de faire confiance au Seigneur qui lui a fait un don, le 3e serviteur se défie de lui, il en a peur et ne voulant courir aucun risque, il n’entreprend rien pour faire fructifier le talent confié. La peur et le manque de confiance rompent la relation d’amour initiée par le Seigneur. Au lieu de devenir acteur de la relation, en accueillant le talent et en le faisant fructifier, il se place en spectateur inactif et craintif des préparatifs du Royaume. Ainsi il détruit la relation amicale avec son Seigneur qui n’est pour lui qu’un maître exigeant. Car, comme nous l’enseigne notre chère petite Thérèse de Lisieux, c’est la confiance et rien que la confiance qui nous conduit à l’amour.

Le Seigneur offre à tous au moins un talent, celui de son amour offert et auquel nous répondons d’abord par la confiance qui nous ouvre à la relation. Dans la confiance nous attendons sa venue, nous gardons au cœur de la mémoire de Jésus. Nous patientons sans crainte, et travaillons joyeusement, sans esprit de calcul. Confiant dans le Seigneur qui vient, en son amour miséricordieux, nous attendons activement d’entrer dans sa joie.

Fr. Antoine-Marie Leduc, o.c.d.

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