De la loi à la grâce (Ho 2°dim. TO 16/01/22)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Is 62, 1-5 ; Ps Ps 95 (96) ; 1 Co 12, 4-11 ; Jn 2, 1-11

En accomplissant ce geste, de changer l’eau en vin, Jésus ne cherche pas à manifester quelque chose de spectaculaire devant tous. De même qu’il fait beaucoup plus que tirer d’embarras les jeunes époux qui l’ont invité. Jésus veut nous orienter, pour ceux qui savent le voir, vers une autre réalité. Derrière cela il y a une autre noce qui est évoquée, un autre banquet attendu depuis longtemps par Israël, dont la venue est annoncée et souvent rappelée dans les Écritures. Ce banquet est celui de l’Alliance, celui des noces entre Dieu et son peuple. Cette noce dont parle notamment Isaïe : ‘Comme un jeune homme épouse une vierge, ton bâtisseur l’épousera. Comme la femme mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu’. Is 62, 5. Voilà ce à quoi Jésus renvoie en accomplissant ce miracle.

Le premier signe chez saint Jean n’est pas une guérison, rien de vital, mais la manifestation d’une nouvelle relation que Dieu veut instaurer désormais avec Israël et à partir d’Israël, à tous les hommes, à l’humanité tout entière. Jésus veut nous introduire dans la même relation qui l’unit au Père. Relation de pleine communion, relation d’amour totalement gratuit. Relation nouvelle, manifestée par cette surabondance de vin, ce vin qui, nous dit le psaume : ‘réjouit le cœur de l’homme’. Jésus le manifeste par la prodigalité, mais aussi par la qualité de ce vin : «  tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » lui dit le maître du repas. De même qu’utiliser ces jarres de pierre est significatif. Leur usage était exclusivement réservé aux purifications rituelles. En les utilisant pour le vin des noces Jésus veut aussi révéler quelque chose de très fort au niveau symbolique. Il montre, il manifeste le passage d’une religion qui s’était enfermée dans le ritualisme, à une religion qui désormais s’ouvre à l’amour de Dieu. C’est le passage de la loi à la grâce !

Désormais c’est lui, Jésus, qui est l’époux, celui que Jean Baptiste annonçait quelques jours auparavant : « Je ne suis pas le Christ, mais je suis envoyé devant lui. Qui a l’épouse est l’époux ; mais l’ami de l’époux qui se tient là et qui l’entend, est ravi de joie à la voix de l’époux. Telle est ma joie et elle est complète. » C’est lui, le Christ, qu’il faut suivre et en qui il faut croire, parce que c’est en lui que se réconcilient le ciel et la terre, en lui que s’accomplit la communion entre Dieu et l’homme.

Lui qui a fait ce miracle de changer l’eau en vin accomplira ce miracle plus considérable encore, celui de nous offrir sa vie en livrant son sang pour nous. Sang qui devient alors le vin de l’alliance nouvelle et éternelle ! L’eucharistie est l’anticipation de ce repas céleste auquel tous les hommes seront conviés un jour, quelle que soit leur origine, quelle que soit leur approche de Dieu. Voilà plus de 2000 ans que ces noces sont inaugurées. Laissons-nous inviter à ce banquet et acceptons la grâce que Dieu nous offre, celle de pouvoir communier à sa vie, à son amour. C’est devant la confiance, la persévérance de Marie et également la confiance des serviteurs que Jésus agit. Il avait répondu à sa mère que son heure n’était pas encore venue mais par amour Jésus accepte de devancer son heure. St Jean nous dit : ‘Il manifesta sa gloire et ses disciples crurent en lui’.

Quels que soient nos talents, nos charismes, nos dons, nos limites, nos pauvretés, le peu que nous ayons, mettons-les au service du Seigneur. « Les activités sont variées mais c’est partout le même Dieu qui agit en tous. » nous dit saint Paul. S’il nous arrive de réussir à faire quelque chose de bien, de manifester à notre façon l’amour du Seigneur, soyons heureux, sachant que c’est Jésus qui agit à travers nous. C’est son Esprit Saint. qui nous permettra d’actualiser cet amour-là où nous sommes.

Que Marie nous aide à faire grandir notre foi, notre confiance et notre amour pour le Seigneur. Demain 17 janvier ce sera le 151e anniversaire des apparitions de Marie à Pontmain. Là encore, à Pontmain comme à Cana, Marie nous renvoie toujours à son fils : ‘Mais priez mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps. Mon fils se laisse toucher.’

Fr. Bernard Bézier, ocd - (couvent d’Avon)
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