La grâce de notre baptême (Ho Le Baptême du Seigneur 26/12/21)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Is 40, 1-5.9-11 ; Ps 103 (104) ; Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7 ; Lc 3, 15-16.21-22

La nouvelle année n’est pas, frères et sœurs, pour le croyant, une simple affaire de calendrier. C’est la manifestation des temps nouveaux que nous vivons en Jésus-Christ, d’une nouveauté marquée par l’ouverture du Ciel et la venue de l’Esprit Saint. Cette nouveauté a commencé avec l’Incarnation du Verbe. Le Ciel s’est ouvert quand le Verbe s’est fait chair dans le sein de Marie, tandis que l’Esprit Saint la prenait sous son ombre. L’évangéliste Luc montre comment l’Esprit a fait irruption pour investir les acteurs de cette nouveauté : l’ange annonce à Zacharie que Jean, l’enfant promis, sera rempli d’Esprit Saint (1,15) ; Zacharie prophétise sous l’action de l’Esprit (1,67) ; l’Ange annonce à Marie la venue en elle de l’Esprit Saint pour la conception d’un enfant (1,35) ; Élisabeth salue Marie sous l’impulsion de l’Esprit (1,41) ; enfin Syméon vient au Temple poussé par l’Esprit Saint pour accueillir le Messie de Dieu (2,25). Le monde nouveau surgit avec la venue du Christ grâce à l’action de l’Esprit en tous ceux et celles qui collaborent à l’œuvre de Dieu. La fête du Baptême du Seigneur conclut le temps de l’Épiphanie en donnant à voir la descente de l’Esprit sur Jésus « sous une apparence corporelle, comme une colombe » (3,22a). Cette manifestation de l’Esprit, ainsi que la déclaration du Père « Tu es mon fils ; moi aujourd’hui je t’ai engendré. » (3,22b), sont une réponse à l’acceptation par Jésus de sa vocation filiale. L’œuvre de Dieu ne peut pas s’accomplir en effet sans la libre adhésion de l’homme. Marie a consenti à la demande qui lui était faite de concevoir virginalement le Messie de Dieu au terme d’un bref dialogue avec l’Ange. Il aura fallu trente ans à Jésus pour ratifier son investiture par l’Esprit Saint dès sa conception dans le sein de Marie (1,35) et consentir à ce qu’implique sa mission de Fils bien-aimé du Père. La première étape de cette acceptation consiste à se faire humblement baptiser par Jean dans le ministère duquel il reconnaît l’action de l’Esprit Saint. La seconde étape sera son obéissance à la Parole de Dieu à travers les tentations du désert où le conduit l’Esprit. Pour le moment, il vit ce baptême intensément en demeurant dans la prière. C’est alors que survient la vision de l’Esprit descendant sur lui et l’audition du Père le désignant comme son Fils bien-aimé. Sa mission n’est autre que d’assumer en son humanité sa qualité de Fils de Dieu sous la conduite de l’Esprit Saint. Le Père ne lui donne pas d’autre ordre de mission en effet que d’être ce qu’il est en vivant humainement sa filiation divine.

Ce long temps de maturation était nécessaire comme en témoigne la crise vécue à l’âge de douze ans au plan de sa filiation humaine ; il s’était alors échappé pour s’entretenir dans le Temple de Jérusalem avec les Docteurs de la Loi. A ses parents, qui lui reprochèrent sa conduite, il répondit qu’il lui fallait être dans la maison de son Père. Il accepte pourtant la parole de Marie désignant Joseph comme étant son père. Il quitte alors la ville sainte pour se soumettre à l’autorité paternelle de Joseph à travers une vie cachée et laborieuse dans l’obscure bourgade de Nazareth. Devenu ainsi pleinement fils de l’homme, il quitte Nazareth pour se faire humblement le disciple de Jean-Baptiste. L’heure est donc venue pour le Père de le confirmer dans sa mission de Fils. Cette mission le dépossède entièrement de lui-même en vue d’une disponibilité absolue à l’œuvre de Dieu qui le conduira jusqu’à la mort de la Croix.

Juste après cette proclamation divine de sa filiation, l’Évangéliste introduit dans son récit une généalogie qui, partant de Jésus, fils de Joseph, remonte jusqu’à Adam, fils de Dieu. Le terme de fils apparaît 77 fois dans cette histoire de l’humanité totalement identifiée à une histoire de filiation. Nous sommes appelés nous aussi, Frères et Sœurs, à vivre notre vocation divine reçue au baptême en assumant pleinement notre filiation humaine. Cela exige d’accueillir en vérité notre histoire et l’enfant que nous sommes toujours pour répondre à notre vocation dans le Christ en tant qu’enfants aimés de Dieu. Pour vivre ainsi la grâce de notre baptême, choisissons chaque jour d’assumer notre condition humaine à la lumière de cet amour inconditionnel du Père. Son Esprit d’amour nous est donné afin que nous soyons ainsi unis à Jésus dans son obéissance filiale pour accomplir à sa suite notre mission en ce monde.

Fr. Olivier-Marie Rousseau, ocd - (couvent d’Avon)
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