Un Dieu en relation (Ho 4° dim. Pâques - 8/05/22)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Ac 13, 14.43-52 ; Ps 99 (100) ; Ap 7, 9.14b-17 ; Jn 10, 27-30

De prime abord, la foi chrétienne n’est pas immédiatement accessible et convaincante : 1Co1 « 23 nous proclamons, nous, un Christ crucifié, scandale pour les Juifs et folie pour les païens, 24 mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. 25 Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes. »

La foi chrétienne ne fait pas dans la facilité et il faut tout un chemin pour s’ouvrir à la foi au message du Christ et à sa personne.

La difficulté des Juifs de l’époque à comprendre qui est Jésus dans notre évangile, est autant la nôtre.

Pensez ! Dieu que nous présentons comme le créateur de l’univers vient dans notre monde, dans cette infime poussière d’étoiles que représente la terre, qui plus est en assumant notre humanité. Après quelques gestes hors du commun, miracles, guérisons, il termine sa vie sur un lieu d’infamie par excellence, la croix. Quel échec !

Et encore, ses disciples disent l’avoir vu par la suite, ressuscité, puis enlevé dans la gloire. Notre foi, n’est pas si accessible que cela, même pas du tout convaincante ! Et les difficultés ne s’arrêtent pas là… Nous attendons des actes dignes d’un Dieu tout puissant, puisque cela est inscrit dans le Credo et c’est dans la faiblesse de la chair qu’il se révèle.

Et puis, il y a tant d’autres propositions spirituelles autour de nous qui se montrent plus alléchantes et chacun se construit une spiritualité à sa portée. Jésus est bien conscient de ce qui est enjeu dans notre évangile. Nous sommes dans le cadre de la foi juive en un Dieu unique que Jésus vient préciser en déclarant que Dieu est Amour et donc qu’il est relation. Et cette foi juive affirme bien que Dieu est Un, il est l’Unique, il n’y en a pas d’autres, il ne peut être multiple. Jésus est Juif, il le sait et l’affirme aussi. Ce qui est difficile à entendre, c’est qu’il se dit fils de Dieu, Dieu lui-même.

Il affirme aussi qu’il vient du Père, qu’il y a entre lui et le Père la pleine égalité divine ! Il sait bien que ce qu’il exprime est dangereux et que cela peut le conduire à la mort. Ce n’est pas pensable ni pour un Juif, ni pour quantité d’adeptes d’autres religions. Ce ne sont pas les résultats d’une réflexion philosophique sur la nature de l’Être qui nous sont partagés, mais le fruit de la révélation juive que Jésus prend à son compte et qu’il précise dans le sens d’une relation d’Amour entre Lui et son Père par l’Esprit. «  Moi et le Père sommes Un. » Trois identités, que nous nommons Personnes divines, unies dans un seul Amour. Dieu est Un, l’Un est Amour. Une union incompréhensible, tant elle est intense, sans confusion des Personnes.

En Dieu il y a une relation d’Amour indicible. Cet Amour, dont nous venons puisque nous sommes créés par lui, vient à notre rencontre puisqu’il aime, puisqu’il nous aime. Dieu est tourné vers l’homme, proche de lui. Nous ne sommes pas indifférents pour Dieu. Si peu indifférents, qu’il vient à nous, se faisant l’un de nous. Si peu indifférents qu’il se donne à nous jusqu’à la croix comme l’expression de cet Amour même qui l’unit à nous. Comme l’Amour vise à la ressemblance de l’être aimé, ainsi Dieu se fait-il l’un de nous. Et il nous révèle aussi ce que c’est que d’aimer. Et cela en dit long sur l’aventure humaine. Nous sommes bien loin d’une science positive qui limite l’homme à ce qu’elle en voit, à ce qu’elle peut analyser. Et c’est l’affirmation de toutes les religions dignes de ce nom que d’affirmer qu’il y a en l’homme plus que ce qu’il ne paraît.

Il est de notre devoir de chrétiens de ne pas nous laisser endormir par les convenances d’une société qui s’éloigne du message du Christ. Ce qui se révèle en Jésus nous concerne au plus haut point dans nos relations de célibataires, de consacrés, et de même pour les couples parce que nous sommes invités à vivre de la vie de Jésus.

Comme Dieu est Relation, nous-mêmes sommes des êtres de relation, et nous avons à apprendre ce qu’est une relation d’amour sans confusion des personnes par laquelle nous allons découvrir notre propre beauté.

Fr. Yannick Bonhomme, ocd - (couvent d’Avon)
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