5e Dimanche T.O. -A-

Sel et lumière

Ainsi nous sommes le sel et la lumière. C’est Jésus lui-même qui le proclame ! Ce n’est donc pas seulement un idéal, mais une réalité : déjà nous sommes sel et lumière.

Nous sommes sel, parce que nous sommes porteurs de l’Évangile de Jésus, et que seule cette bonne nouvelle peut donner à l’existence des hommes son vrai goût, le goût de la tendresse de Dieu et le goût de la gloire. Déjà l’Évangile a pénétré notre vie, et, comme disait Jésus, nous avons « du sel en nous-mêmes », dans la mesure même où nous laissons travailler en nous-mêmes l’Esprit du Seigneur.

Tout notre soin doit être de rester du sel authentique, sans cesse réactivé par l’amitié de Jésus, et des témoins crédibles de sa parole, des croyants qui tablent non pas sur « le prestige du langage humain », ou sur l’efficacité d’une « sagesse tout humaine », mais sur la puissance de Dieu et sur l’Esprit saint qui rend vivant aujourd’hui le message de Jésus.

Nous sommes lumière, déjà lumière. Par notre baptême et le sceau de l’Esprit, et par l’engagement de notre vie, nous sommes des chrétiens repérables, des chrétiens visibles ; nous sommes disciples de Jésus à la vue de tous. Nous ne pouvons pas plus nous cacher qu’une ville située sur le haut d’une montagne, la première éclairée au soleil levant, la dernière illuminée quand partout le soir tombe. Elle n’est pas la lumière, elle reçoit la lumière, mais tout au long du jour elle rend témoignage à cette lumière qui lui vient d’ailleurs. Et tous ceux qui marchent dans la vallée font route vers elle et se repèrent sur elle.

Nous ne pouvons pas plus renoncer à être lumière qu’une lampe que l’on vient d’allumer et que l’on a placée sur le chandelier pour quelle éclaire, justement, tous ceux qui sont dans la maison.

Au fond, nous sommes une lumière qui ne s’appartient pas. Nous n’avons pas pu nous allumer tout seuls : c’est Dieu qui nous a allumés à la flamme de son Fils, lumière du monde, lumière éternelle venue dans le monde. Et c’est sa lumière que, de proche en proche, nous répandons par le témoignage de notre foi, mais aussi par notre amour fraternel toujours en éveil et en invention.

« Partage ton pain, disait le prophète Isaïe, ne te dérobe pas à ton semblable, alors ta lumière jaillira comme l’aurore. » « Si tu donnes de bon cœur, si tu combles les désirs du malheureux, ta lumière se lèvera dans les ténèbres et ton obscurité sera comme la lumière de midi ».

La lumière empruntée au Christ, cette lumière que nous diffusons, accomplit ainsi deux merveilles à la fois : elle fait reculer les ténèbres du monde et transforme nos propres ténèbres en lumière du midi.

L’un des points d’appui de notre confiance est cette force transformante de la lumière dont nous sommes porteurs : « Autrefois nous étions ténèbres ; maintenant nous sommes lumière dans le Seigneur » (cf. Ep 5,8). Pourquoi ? parce que la lumière de Jésus, que Dieu nous a confiée, a triomphé d’abord de la nuit de notre cœur. Elle est même toujours en train de triompher, et en train de nous illuminer, alors même qu’en nous nous ne voyons que misère et incertitude.

En effet, comme l’affirme sans Paul : « Le Dieu qui a dit : ’Que du sein de la ténèbre brille la lumière’ est celui qui a brillé dans nos cœurs pour y faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu qui sur la face du Christ. »

Nous sommes déjà lumière, car la lumière d’emprunt est devenue la nôtre, sans cesser de briller sur la face du Christ. Jésus est, à lui seul, la lumière du monde, mais c’est aussi de proche en proche que Dieu veut illuminer les confins de la terre : « Dans la nuit de ce monde l’ami de Dieu brillera ».

Fr. Jean-Christian Lévêque, o.c.d.

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