Homélie 32° dim. TO : Dieu nous appelle à vivre…

donné au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : 2 M 7, 1-2.9-14 ; Ps 16 (17) ; 2 Th 2, 16 – 3, 5 ; Lc 20, 27-38

Le mois de novembre s’est ouvert pour nous sur la belle fête de la Toussaint. Rassembler dans une même fête celles et ceux qui se sont laissés aimer par Dieu, foule innombrable d’hommes et de femmes – la plupart inconnus - parvenus à la sainteté non par la force du poignet, mais par la grâce de Dieu. Assemblée aux visages connus, dont notre Sœur désormais sainte Elisabeth de la Trinité, que nous fêterons mardi, mais aussi l’assemblée de ceux qui sont ignorés de tous nos théologiens ou hommes d’Eglise mais présents et vivants auprès de Dieu. Et les uns et les autres chantent sa gloire et nous invitent à notre tour à oser croire que cette vie avec Dieu n’est pas réservée à des héros de la foi, mais à tous ceux qui reconnaissent que Dieu n’est que Vie, Pardon, Amour.

Les premiers jours de novembre nous ont fait ouvrir aussi le livre des souvenirs. Ces hommes et femmes, et parfois ces jeunes que nous avons connus, aimés, appréciés…n’ont-ils plus d’existence alors que la mort les a rencontrés ? Leur évocation nous a émus. La cicatrice de la douleur de la séparation a pu s’entrouvrir à nouveau…nous ne serons jamais indemnes de leur absence. Mais nous ne serons jamais laissés pour compte de leur absence, car ils deviennent alors des présents à jamais en Dieu. Nous ne sommes pas dans le laboratoire des expériences douloureuses de la vie après la mort, mais dans le domaine de la foi et Dieu n’est pas « le Dieu des morts mais le Dieu des vivants. Tous en effet vivent pour lui » affirme l’Evangile que nous avons acclamé.

Alors cette querelle rapportée dans l’Evangile qui est lancée par des sadducéens qui ne croient pas à la résurrection et qui pour embarrasser Jésus viennent lui tendre un piège ridicule : «  De qui cette femme sera-t-elle l’épouse puisque elle a eu 7 maris ? » semble complètement obsolète et outrancière. Cependant nous devons reconnaître que cette question de la résurrection des morts n’est pas simple et que nous-mêmes nous sommes parfois pris en flagrant délit de douter de ce qui est le cœur de notre vie de foi, à savoir la résurrection des morts, la résurrection de la chair. C’est un peu trop simple de vouloir affirmer qu’aucune personne n’est revenue du séjour de la mort pour nous en faire un rapport. Que se passe-t-il dans l’au-delà ? Mystère ? Doute ? Question ? Hypothèses diverses ? Reconnaissons que nous sommes assez fragiles lorsque l’on nous demande de rendre compte de notre espérance, notre foi en la résurrection.

Mais la Parole de Dieu accueillie en ce jour n’est-elle pas comme un levier pour nous faire progresser dans une certitude : Dieu est la Vie et Il nous entraîne bien au-delà de tous les écueils de notre non-foi, de nos incertitudes. C’est le jour de redire, en s’appuyant sur la Parole de Dieu, que notre existence ne s’arrête pas à la porte du cimetière. Dieu ayant déposé en nous un souffle de vie, ne peut permettre que notre existence parte vers une déchéance totale. Même si nos corps mortels sont voués à devenir poussières, notre âme est appelée à la VIE bienheureuse avec Dieu.

La Résurrection change tout. Elle change aussi notre manière de vivre. Nous sommes bien sûr de passage sur cette terre, mais nous devons déjà vivre comme si nous accédions à la Résurrection dès aujourd’hui. Ne cherchons pas trop ni le comment, ni le quand. Mais accédons au mystère de Dieu qui vient habiter notre vie pour la rendre belle, féconde, et d’une certaine manière éternelle. Car si le Christ n’est pas ressuscité, alors le sens de toute notre existence se trouve enfermé dans les étroites dimensions de ce petit coin de terre et de temps qui nous sont échus ! Cette foi en la résurrection nous permet d’anticiper notre rencontre avec Dieu. Nous ne sommes pas devant le portique des aéroports qui va déceler tous les objets dangereux que nous possédons, c’est-à-dire toutes ces traces de péchés, mais nous goûtons dès aujourd’hui les bras de Dieu qui s’ouvrent pour nous accueillir dans la lumière de l’offrande de Jésus qui est mort pour nous sauver, nous guérir du péché. Croire en la résurrection peut changer peu à peu notre manière de vivre. En nous ouvrant une perspective infinie, la foi en la résurrection ramène, en effet, tout ce qui nous arrive, tout ce que nous faisons, tout ce que nous avons, à d’autres proportions. En nous indiquant le sens, l’orientation de notre vie, la résurrection donne en effet son sens, sa signification aux événements de notre vie. Elle est la clé de notre espérance.

Que tout au long de cette semaine qui commence, nous apprenions à devenir de ces vivants, vivants pour Dieu, vivants de Dieu. C’est déjà vivre de la Résurrection !

fr. Didier-Joseph Caullery - (Couvent de Paris)
Revenir en haut