Homélie pour Ste Thérèse de l’Enfant Jésus - 1er octobre 2013

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques : Is 66, 10-14c ; Ps 102 ; 1 Jn 4, 7-16 ; Mt 11, 25-30

Thérèse Patronne ocd Paris

Thérèse de l’Enfant-Jésus et la foi

Alors que nous sommes encore dans l’année de la foi ouverte par le pape Benoît XVI le 11 octobre 2012 et qui se terminera pour le dimanche du Christ Roi le 24 novembre prochain, il peut être intéressant en ce jour de regarder comment sainte Thérèse a vécu par la foi sa relation au Christ, comment elle a mis sa foi en Dieu afin de lui demander d’intercéder pour nous qui avançons tant bien que mal dans la foi. Sans vouloir faire un exposé complet sur la foi de sainte Thérèse et comment elle l’a vécu dans les grandes étapes de sa vie, on découvre que cette attitude de foi est un ressort puissant de son action, qu’elle vit de foi et qu’elle combat dans la foi, une foi lumineuse dans son enfance qui deviendra ensuite beaucoup plus obscure mais jusqu’au terme de sa vie, sainte Thérèse continuera à poser des actes de foi, encore et encore. Lorsque sainte Thérèse raconte son expérience, notamment dans ses manuscrits autobiographiques où elle s’applique peu le mot, on voit que la foi intervient dans de grandes étapes de sa vie, que ce soit lors de sa première confession « avec un grand esprit de foi » ou bien dans l’attente d’une réponse pour entrer au Carmel à Noël 1887 où « rien n’ébranlait sa foi ».

Dans son manuscrit B, ce sera le petit oiseau pour qui le soleil se dérobe à sa foi, illustration de son épreuve de la foi où sainte Thérèse va combattre dans la nuit pendant les dix-huit derniers mois de sa vie. Et dans le manuscrit C, c’est pour essayer de rendre compte de sa nuit de la foi et du combat pour la foi auquel elle va communier puisqu’elle se voit assise à « la table des pécheurs », en communion profonde avec tous ceux qui n’ont pas la foi et ils étaient déjà nombreux en cette fin du XIXe siècle. Ces quelques allusions au parcours de sainte Thérèse nous découvrent que l’essentiel de ce parcours est intérieure et demeure à nos yeux caché. Cependant il nous faut nous aussi, à notre tour, entrer dans ce combat de la foi qui n’est pas d’abord aux yeux de sainte Thérèse une doctrine à professer, un Credo à proclamer, mais une attitude de confiance en celui dont nous savons qu’il nous aime : « c’est la confiance et rien que la confiance qui doit nous conduire à l’Amour » s’écriera-t-elle dans une de ses lettres (LT 197).

L’épître aux Hébreux dans son chapitre 11 nous rappelle que : « la foi est la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas. ». Ainsi, sainte Thérèse ira jusqu’à dire que « Je chante simplement ce que je veux croire. » (Ms C, 7v°). La plupart des gens pensent que poser un acte de foi est réservé à des situations particulièrement difficiles, dramatiques ou éprouvantes ou encore à des personnes particulièrement pieuses. L’acte de foi est ultimement un acte si personnel et si intime qu’il est aussi lié à notre personnalité que le fait d’exister ou de vivre. Par conséquent, il n’est pas étonnant que lorsque Jésus demandera à ses disciples (c’est l’Évangile de vendredi dernier) : « Pour la foule, qui suis-je ? » les disciples rapportent un certain nombre d’opinions qui courent au sujet de Jésus. Mais ce qui fait qu’il y a véritablement acte de foi, c’est qu’un d’entre eux, saint Pierre, dit : « Tu es le Messie de Dieu ». L’acte de foi n’est pas une chose facile et simple, loin de là, et souvent dans notre propre cœur il y a des va-et-vient dans notre façon de croire. Nous ne pouvons pas être dispensés de l’acte de foi qui est d’abord un acte d’écoute. À certains moments, nous faisons confiance et nous sommes prêts à obéir, et puis à d’autres moments, nous avons besoin de preuves, de confirmations, de signes visibles et tangibles alors que c’est la personne même du Christ qui est la raison d’être de notre foi. Nous croyons parce que c’est lui et parce que nous avons mis en lui toute notre confiance et toute notre foi.

Aujourd’hui on a un monde qui veut nous rassurer, on a donc besoin d’assurances, on a besoin que rien ne bouge, eh bien la foi est le contraire de l’assurance, nous ne sommes pas assurés, si ce n’est sur une confiance qui repose sur Dieu seul. Oui, la démarche est singulière et risquée mais d’autres l’ont faite devant nous et en quelque sorte nous ouvrent la route, que sainte Thérèse elle-même nous aide dans ce chemin de foi, qu’elle nous aide à vivre de la foi dans la présence du Seigneur qui est et sera toujours à nos côtés. Amen.

fr. Christophe-Marie ocd, Prieur
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