« La foi ouvre Dieu en s’ouvrant à Dieu » (Ho 27°dim TO - 2/10/22)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Ha 1, 2-3 ; 2, 2-4 ; Ps 94 (95) ; 2 Tm 1, 6-8.13-14 ; Lc 17, 5-10 Les Apôtres dirent à Jésus : « Augmente en nous la foi ! »

Frères et sœurs, cette demande des apôtres d’hier, est-elle celle des apôtres d’aujourd’hui que nous sommes, plus ou moins, mais apôtres par la grâce de notre baptême ? Car la question que nous pose cette page d’évangile ne serait-elle pas pour nous résumer dans une phrase : « Que demandons-nous dans la prière ? ». Une protection face à l’incivilité d’aujourd’hui dans les lieux de vie, des transports ou des services divers, une sécurité dans le travail, une réussite pour mes enfants et petits-enfants, une bonne santé, un merci ou parfois un cri de détresse, d’inquiétude face à l’évolution des pays, les risques de conflits ; mais aussi peut-être une louange, d’émerveillement face à la beauté de la nature ou le sourire d’un enfant… et la liste pourrait s’allonger.

Quels sont les mots de ma prière aujourd’hui, voilà l’interrogation que je me suis posé à l’issue de la lecture de ce passage d’Évangile que nous venons d’acclamer.

Si vous avez prié quelques minutes en commençant votre journée, qu’avez-vous dit à Dieu ? Une formule apprise depuis longtemps et prononcé les yeux encore chargés de sommeil, sans trop y mettre tout votre cœur ? Ou se dire : c’est dimanche et il faut se lever et aller à la messe pour entendre… je ne sais quel message ou quel chant, sans imaginer comment je vais accueillir le sermon d’aujourd’hui… bref je n’ose pas aller plus loin dans l’exploration des sentiments matinaux du dimanche des chrétiens qui aiment se rassembler, mais la question reste posée.

Comment vais-je qualifier ma relation au Seigneur ? Je m’adresse à un ami, à un conrôleur des impôts, à un être supérieur… J’allais oublier, à un Père qui m’aime : « Notre Père qui est au cieux… » Ne croyez pas que je cherche à connaître votre vie spirituelle pour vous donner une note d’appréciation. Je fais écho à une parole prononcée par des apôtres qui marchent avec Jésus. Il osent interroger Jésus et lui demander de l’aide : « Augmente en nous la foi ! ». Cette question est-elle de l’ordre du possible, du surprenant, du dérangeant ? Pourrait-elle être notre question de croyant aujourd’hui ?

Nous trouvons des éléments de réponse dans la seconde lecture de ce jour : la lettre de Paul à Timothée : « Bien aimé, je te rappelle, ravive le don gratuit de Dieu, ce don qui est en toi depuis que je t’ai imposé les mains… ». Paul est soucieux de voir son ami Timothée heureux de croire et d’oser exprimer sa foi. Ce dépôt de la foi doit être soigné, entretenu, gardé. Serions-nous des Timothée qui ont besoin d’être encouragés, stimulés dans leur vie chrétienne, vie de foi qui risque de s’affadir et de perdre tout sa force et sa beauté par manque d’entretien. Ce don de la foi accordé et reçu n’est pas une chose morte, mais plutôt comme un ferment, un germe qu’il s’agit de « réveiller » en soi. C’est là un appel à revenir sans cesse au printemps de sa vie avec Dieu : « Réveille en toi le don que tu as reçu ! ». Réveille en toi la foi qui risque de s’endormir ou de s’éteindre progressivement en oubliant Celui qui est cœur : Jésus, icône du Père qui nous donne son souffle, son Esprit Saint pour que nous poursuivions la marche commencée par les Apôtres.

Alors OUI, Seigneur, « augmente en nous la foi ». Un croyant n’est pas celui qui récite sans faillir tout le Crédo, mais plutôt celui qui du plus profond de son abîme crie vers Dieu qui peut le sauver car il est sûr de son Amour. « La foi ouvre Dieu en s’ouvrant à Dieu », note une bénédictine, sœur Dominique et elle ajoute : « Il faut aussi noter que l’amour est souvent intimement lié à cette foi : la Cananéenne de l’Évangile aime son enfant, le centurion prie pour son esclave auquel il s’est attaché. » Mais la foi est cet élan irrésistible vers Dieu, un mouvement d’espoir très puissant qui ne se mesure pas ni ne se possède. Elle n’est pas un truc à faire des miracles, elle ne s’achète pas ni ne se mendie. Elle s’offre à ceux qui osent la demander.

Alors comment ne pas demander comme les Apôtres d’hier : « Seigneur, augmente en nous la foi ! ». Non une foi de l’habitude, de la connaissance répétée sans comprendre, mais une foi qui se nourrit de la Parole des Évangiles, d’une foi qui se fait écoute et service auprès des plus démunis, d’une foi qui reprend sans cesse ce que le Psalmiste disait : « Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès l’aube » (Ps 102) car Dieu ne nous appartient pas, une foi qui ose des pas nouveaux, qui se désinstalle pour s’ouvrir vers le Tout Autre, Dieu et tous les autres.

Acceptions d’ouvrir cette semaine avec ce désir au cœur. C’est une chance qui nous est offerte. Pourquoi la refuserions-nous ? Une belle semaine s’ouvre aux chercheurs de Dieu.

Fr. Didier-Joseph Caullery, ocd - (couvent d’Avon)
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