Marie et Thérèse de Lisieux

Thérèse nous fait découvrir Marie…

Quelques mois avant sa mort, Thérèse compose son poème "Pourquoi je t’aime Ô Marie !" Elle y exprime tout ce qu’elle pense de la Vierge Marie. Elle nous invite à nous tourner vers la Mère de Dieu et notre Mère en méditant sa vie telle que l’Évangile nous la révèle avec discrétion et profondeur.

Tout au long du poème, vous pourrez aussi méditer les textes de l’Evangile auxquels Thérèse fait allusion. Après le poème, vous trouverez une petite note permettant de mieux écouter ce que Thérèse désire nous dire.

"Oh ! je voudrais chanter, Marie pourquoi je t’aime !
Pourquoi ton nom si doux fait tressaillir mon cœur
Et pourquoi la pensée de ta grandeur suprême
Ne saurait à mon âme inspirer de frayeur.
Si je te contemplais dans ta sublime gloire
Et surpassant l’éclat de tous les bienheureux
Que je suis ton enfant je ne pourrais le croire
O Marie devant toi, je baisserais les yeux !…
 
Il faut pour qu’un enfant puisse chérir sa mère
Qu’elle pleure avec lui, partage ses douleurs
O ma Mère chérie, sur la rive étrangère
Pour m’attirer à toi, que tu versas de pleurs !…."
En méditant ta vie dans le saint Evangile
J’ose te regarder et m’approcher de toi
Me croire ton enfant ne m’est pas difficile
Car je te vois mortelle et souffrant comme moi …
 
Lorsqu’un ange du Ciel t’offre d’être la Mère
Du Dieu qui doit régner toute l’éternité
 
"Voici que tu concevras dans ton sein et
enfanteras un fils, et tu l’appelleras du
nom de Jésus. Il sera grand, et sera appelé
Fils du Très-Haut. Le Seigneur Dieu lui
donnera le trône de David, son père ; il
régnera sur la maison de Jacob pour les
siècles et son règne n’aura pas de fin."
(Lc 1, 31-33)
 
Je te vois préférer, ô Marie, quel mystère !
L’ineffable trésor de la virginité.
Je comprend que ton âme, ô Vierge Immaculée
Soit plus chère au Seigneur que le divin séjour
Je comprends que ton âme, Humble et Douce Vallée
Peut contenir Jésus, l’Océan de l’Amour !…
 
"Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à
mon école, car je suis doux et humble de
cœur, et vous trouverez soulagement pour
vos âmes. " (Mt 11, 29)
 
Oh ! je t’aime, Marie, te disant la servante
Du Dieu que tu ravis par ton humilité
 
Marie dit alors : "Je suis la servante du Seigneur ;
qu’il m’advienne selon ta parole !"
(Lc 1, 38)
 
Cette vertu cachée te rend toute-puissante
Elle attire en ton cœur la Sainte Trinité
Alors l’Esprit d’Amour te couvrant de son ombre
 
L’ange lui répondit : "L’Esprit Saint viendra
sur toi, et la puissance du Très-Haut te
prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être
saint qui naîtra sera appelé Fils de Dieu.
(Lc 1, 35)
 
Le Fils égal au Père en toi s’est incarné
De ses frères pécheurs bien grand sera le nombre
Puisqu’on doit l’appeler : Jésus, ton premier-né !
 
Elle enfanta son fils premier-né,
l’enveloppa de langes et le coucha dans une
crèche, parce qu’ils manquaient de place dans
la salle. (Lc 2,7)
 
O Mère bien-aimée, malgré ma petitesse
Comme toi je possède en moi Le Tout-Puissant
Mais je ne tremble pas en voyant ma faiblesse :
Le trésor de la mère appartient à l’enfant
Et je suis ton enfant, ô ma Mère chérie
Tes vertus, ton amour, ne sont-ils pas à moi ?
Aussi lorsqu’en mon cœur descend la blanche Hostie
Jésus, ton Doux Agneau, croit reposer en toi !…
 
Tu me le fais sentir, ce n’est pas impossible
De marcher sur tes pas, ô Reine des élus,
L’étroit chemin du Ciel, tu l’as rendu visible
 
Etroite est la porte et resserré le chemin
qui mène à la Vie,
et il en est peu qui le trouvent.
(Mt 7,14)
 
En pratiquant toujours les plus humbles vertus.
Auprès de toi, Marie, j’aime à rester petite,
Des grandeurs d’ici-bas je vois la vanité,
Chez Sainte Elisabeth, recevant ta visite,
J’apprends à pratiquer l’ardente charité.
 
En ces jours-là, Marie partit et se rendit en
hâte vers la région montagneuse, dans une
ville de Juda. Elle entra chez Zacharie et
salua Elisabeth. (Lc, 39-40)
 
Là j’écoute ravie, Douce Reine des anges,
Le cantique sacré qui jaillit de ton cœur.
 
Marie dit alors :
 
"Mon âme exalte le Seigneur,et mon esprit
tressaille de joie en Dieu mon sauveur,
parce qu’il a jeté les yeux sur l’abaissement
de sa servante.
Oui, désormais toutes les générations
me diront bienheureuse,
car le Tout-Puissant a fait pour moi de
grandes choses.
Saint est son nom,
et sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur
ceux qui le craignent.
Il a déployé la force de son bras,
il a dispersé les hommes au cœur superbe.
Il a renversé les potentats de leurs trônes
et élevé les humbles,
Il a comblé de biens les affamés
et renvoyé les riches les mains vides
Il est venu en aide à Israël, son serviteur,
se souvenant de sa miséricorde,
selon qu’il l’avait annoncé à nos pères
en faveur d’Abraham et de sa postérité à
jamais !" (Lc, 46-55)
 
Tu m’apprends à chanter les divines louanges
A me glorifier en Jésus mon Sauveur
Tes paroles d’amour sont de mystiques roses
Qui doivent embaumer les siècles à venir.
En toi le Tout-Puissant a fait de grandes choses
Je veux les méditer, afin de l’en bénir.
 
Quand le bon Saint Joseph ignore le miracle
Que tu voudrais cacher dans ton humilité
 
Or telle fut la genèse de Jésus Christ. Marie,
sa mère, était fiancée à Joseph : or, avant
qu’ils eussent mené vie commune, elle se trouva
enceinte par le fait de l’Esprit Saint. Joseph,
son mari, qui était un homme juste et ne voulait
pas la dénoncer publiquement, résolut de la
répudier sans bruit. Alors qu’il avait formé ce
dessein, voici que l’Ange du Seigneur lui
apparut en songe et lui dit : "Joseph, fils de
David, ne crains pas de prendre chez toi Marie,
ta femme : car ce qui a été engendré en elle
vient de l’Esprit Saint.(Mt 1, 17-19)
 
Tu le laisses pleurer tout près du tabernacle
Qui voile du Sauveur la divine beauté !
Oh ! que j’aime, Marie, ton éloquent silence,
Pour moi c’est un concert doux et mélodieux
Qui me dit la grandeur et la toute-puissance
D’une âme qui n’attend son secours que des Cieux ….
 
Plus tard à Bethléem, ô Joseph et Marie !
Je vous vois repoussés de tous les habitants
Nul ne veut recevoir en son hôtellerie
De pauvres étrangers, la place est pour les grands
La place est pour les grands et c’est dans une étable
Que la Reine des Cieux doit enfanter un Dieu.
O ma Mère chérie, que je te trouve aimable
Que je te trouve grande en un si pauvre lieu !
 
Quand je vois L’Eternel enveloppé de langes
Quand du Verbe Divin j’entends le faible cri
 
Au commencement était le Verbe et le Verbe était
avec Dieu et le Verbe était Dieu.(Jn1,1)
 
O ma Mère chérie, je n’envie plus les anges
Car leur Puissant Seigneur est mon Frère chéri !
Que je t’aime, Marie, toi qui sur nos rivages
As fait épanouir cette Divine Fleur !….
Que je t’aime écoutant les bergers et les mages
Et gardant avec soin toutes choses en ton cœur !…
 
Et il advint, quand les anges les eurent quittés pour le ciel, que les bergers se dirent entre eux : « Allons jusqu’à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître. » Ils vinrent donc en hâte et trouvèrent Marie, Joseph et le nouveau-né couché dans la crèche. Ayant vu, ils firent connaître ce qui leur avait été dit de cet enfant ; et tous ceux qui les entendirent furent étonnés de ce que leur disaient les bergers. Quant à Marie, elle conservait avec soin toutes ces choses, les méditant en son cœur. (Lc 2, 15-19)
 
Je t’aime te mêlant avec les autres femmes
Qui vers le temple saint ont dirigé leurs pas
Je t’aime présentant le Sauveur de nos âmes
Au bienheureux Vieillard qui le presse en ses bras,
D’abord en souriant j’écoute son cantique
Mais bientôt ses accents me font verser des pleurs.
Plongeant dans l’avenir un regard prophétique
Siméon te présente un glaive de douleur
 
Et lorsque furent accomplis les jours pour
leur purification, selon la loi de Moïse, ils
l’emmenèrent à Jérusalem pour le présenter au
Seigneur, selon qu’il est écrit dans la Loi
du Seigneur : Tout garçon premier-né sera
consacré au Seigneur, et pour offrir en
sacrifice, suivant ce qui est dit dans la Loi
du Seigneur, un couple de tourterelles ou
deux jeunes colombes.
 
Et voici qu’il y avait à Jérusalem un homme
du nom de Syméon. Cet homme était juste et
pieux ; il attendait la consolation d’Israël
et l’Esprit Saint reposait sur lui. Et il
avait été divinement averti par l’Esprit
Saint qu’il ne verrait pas la mort avant
d’avoir vu le Christ du Seigneur. Il vint
donc au Temple, poussé par l’Esprit, et quand
les parents apportèrent le petit enfant Jésus
pour accomplir les prescriptions de la Loi à
son égard, il le reçut dans ses bras, bénit
Dieu et dit :
 
"Maintenant, Souverain Maître, tu peux, selon
ta parole,
laisser ton serviteur s’en aller en paix ;
car mes yeux ont vu ton salut,
que tu as préparé à la face de tous les
peuples,
lumière pour éclairer les nations
et gloire de ton peuple Israël."
 
Son père et sa mère étaient dans l’étonnement
de ce qui se disait de lui. Syméon les bénit
et dit à Marie, sa mère : "Vois ! cet enfant
doit amener la chute et le relèvement d’un
grand nombre en Israël ; il doit être un signe
en butte à la contradiction, et toi-même,
une épée te transpercera l’âme ! afin que se
révèlent les pensées intimes
de bien des cœurs." (Lc 2, 22-35)
 
O Reine des martyrs, jusqu’au soir de ta vie
Ce glaive douloureux transpercera ton cœur
Déjà tu dois quitter le sol de ta patrie
Pour éviter d’un roi la jalouse fureur.
 
Après leur départ, voici que l’Ange du
Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui
dit : "Lève-toi, prends avec toi l’enfant et
sa mère, et fuis en Egypte ; et restes-y
jusqu’à ce que je te dise. Car Hérode va
rechercher l’enfant pour le faire périr." Il
se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère,
de nuit, et se retira en Egypte ; et il resta
là jusqu’à la mort d’Hérode ; pour que
s’accomplît cet oracle prophétique du
Seigneur : D’Egypte j’ai appelé mon fils.
(Mt 2, 13-15)
 
Jésus sommeille en paix sous les plis de ton voile
Joseph vient te prier de partir à l’instant
Et ton obéissance aussitôt se dévoile
Tu pars sans nul retard et sans raisonnement.
 
Sur la terre d’Egypte, il me semble, ô Marie
Que dans la pauvreté ton cœur reste joyeux,
Car Jésus n’est-il pas la plus belle patrie
Que t’importe l’exil, tu possèdes les Cieux ?…
Mais à Jérusalem, une amère tristesse
Comme un vaste océan vient inonder ton cœur
Jésus pendant trois jours se cache à ta tendresse
Alors c’est bien l’exil dans toute sa rigueur !..
 
Ses parents se rendaient chaque année à
Jérusalem pour la fête de la Pâque. Et
lorsqu’il eut douze ans, ils y montèrent,
comme c’était la coutume pour la fête. Une
fois les jours écoulés, alors qu’ils s’en
retournaient, l’enfant Jésus resta à
Jérusalem à l’insu de ses parents. Le croyant
dans la caravane, ils firent une journée de
chemin, puis ils se mirent à le rechercher
parmi leurs parents et connaissances. Ne
l’ayant pas trouvé, ils revinrent, toujours à
sa recherche, à Jérusalem.
 
Et il advint, au bout de trois jours, qu’ils
le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu
des docteurs,les écoutant et les interrogeant ;
et tous ceux qui l’entendaient étaient
stupéfaits de son intelligence et de ses
réponses. A sa vue, ils furent saisis
d’émotion, et sa mère lui dit : "Mon enfant,
pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois ! ton père
et moi, nous te cherchons, angoissés."
 
Et il leur dit : "Pourquoi donc me
cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas que je
dois être dans la maison de mon Père ?" Mais
eux ne comprirent pas la parole qu’il venait
de leur dire.
 
Il redescendit alors avec eux et revint à
Nazareth ; et il leur était soumis. Et sa mère
gardait fidèlement toutes ces choses en son
cœur.
 
Quant à Jésus, il croissait en sagesse, en
taille et en grâce devant Dieu et devant les
hommes. (Lc 2, 41-52)
 
Enfin tu l’aperçois et la joie te transporte,
Tu dis au bel Enfant qui charme les docteurs :
« O mon Fils, pourquoi donc agis-tu de la sorte ?
« Voilà. ton père et moi qui te cherchions en pleurs. »
Et l’Enfant Dieu répond (oh quel profond mystère !)
A la Mère chérie qui tend vers lui ses bras :
« Pourquoi me cherchiez-vous ?… Aux œuvres de mon Père
« Il faut que je m’emploie ; ne le savez-vous pas ? »
 
L’Evangile m’apprend que croissant en sagesse
A Joseph, à Marie, Jésus reste soumis
Et mon cœur me révèle avec quelle tendresse
Il obéit toujours à ses parents chéris.
Maintenant je comprends le mystère du temple,
Les paroles cachées de mon Aimable Roi.
Mère, ton doux Enfant veut que tu sois l’exemple
De l’âme qui Le cherche en la nuit de la foi.
 
Puisque le Roi des Cieux a voulu que sa Mère
Soit plongée dans la nuit, dans l’angoisse du cœur ;
Marie, c’est donc un bien de souffrir sur la terre ?
Oui souffrir en aimant c’est le plus pur bonheur !
Tout ce qu’Il m’a donné Jésus peut le reprendre
Dis-lui de ne jamais se gêner avec moi
Il peut bien se cacher, je consens à l’attendre
Jusqu’au jour sans couchant où s’éteindra ma foi…
 
Je sais qu’à Nazareth, Mère pleine de grâces
Tu vis très pauvrement, ne voulant rien de plus
Point de ravissement, de miracle et d’extase
n’embellisse ta vie ô Reine des Elus !
Le nombre des petits est bien grand sur la terre
Ils peuvent sans trembler vers toi lever les yeux
C’est par la voie commune, incomparable Mère
Qu’il te plaît de marcher pour les guider aux Cieux.
 
En attendant le Ciel, ô ma Mère chérie,
Je veux vivre avec toi, te suivre chaque jour
Mère, en te contemplant, je me plonge ravie
Découvrant dans ton cœur des abimes d’Amour.
Ton regard maternel bannit toutes mes craintes
Il m’apprend à pleurer, il m’apprend à jouir.
Au lieu de mépriser les joies pures et saintes
Tu veux les partager, tu daignes les bénir.
 
Des époux de Cana voyant l’inquiétude
Qu’ils ne peuvent cacher, car ils manquent de vin
Au Sauveur tu le dis dans ta sollicitude
Espérant le secours de son pouvoir divin.
Jésus semble d’abord repousser ta prière
« Qu’importe », répond-Il, « femme, à vous et à moi ? »
Mais au fond de son cœur, Il te nomme sa Mère
Et son premier miracle, Il l’opère pour toi…
 
Le troisième jour, il y eut des noces à Cana
de Galilée, et la mère de Jésus y était.
Jésus aussi fut invité à ces noces, ainsi que
ses disciples. Or il n’y avait plus de vin,
car le vin des noces était épuisé. La mère de
Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus
lui dit : "Que me veux-tu, femme ? Mon heure
n’est pas encore arrivée." Sa mère dit aux
servants :« Tout ce qu’il vous dira, faites-le. »
 
Or il y avait là six jarres de pierre,
destinées aux purifications des Juifs, et
contenant chacune deux ou trois mesures.
Jésus leur dit : "Remplissez d’eau ces
jarres." Ils les remplirent jusqu’au bord. Il
leur dit : "Puisez maintenant et portez-en au
maître du repas." Ils lui en portèrent.
Lorsque le maître du repas eut goûté l’eau
changée en vin — et il ne savait pas d’où il
venait, tandis que les servants le savaient,
eux qui avaient puisé l’eau — le maître du
repas appelle le marié et lui dit : "Tout
homme sert d’abord le bon vin et, quand les
gens sont ivres, le moins bon. Toi, tu as
gardé le bon vin jusqu’à présent !" Tel fut le
premier des signes de Jésus, il l’accomplit à
Cana de Galilée et il manifesta sa gloire et
ses disciples crurent en lui. Après quoi, il
descendit à Capharnaüm, lui, ainsi que sa
mère et ses frères et ses disciples, et ils
n’y demeurèrent que peu de jours.
(Jn 2, 1-11)
 
Un jour que les pécheurs écoutent la doctrine
De Celui qui voudrait au Ciel les recevoir
Je te trouve avec eux, Marie, sur la colline
Quelqu’un dit à Jésus que tu voudrais le voir,
Alors, ton Divin Fils devant la foule entière
De son amour pour nous montre l’immensité
Il dit :« Quel est mon frère et ma soeur et ma Mère,
« Si ce n’est celui-là qui fait ma volonté ? »
 
Comme il parlait encore aux foules, voici que
sa mère et ses frères se tenaient dehors,
cherchant à lui parler. A celui qui l’en
informait Jésus répondit : "Qui est ma mère et
qui sont mes frères ?" Et tendant sa main vers
ses disciples, il dit : "Voici ma mère et mes
frères. Car quiconque fait la volonté de mon
Père qui est aux cieux, celui-là m’est un
frère et une soeur et une mère."
(Mt 12, 46-50)
 
O Vierge Immaculée, des mères la plus tendre
En écoutant Jésus, tu ne t’attristes pas
Mais tu te réjouis qu’II nous fasse comprendre
Que notre âme devient sa famille ici-bas
Oui tu te réjouis qu’Il nous donne sa vie,
Les trésors infinis de sa divinité !
Comment ne pas t’aimer, ô ma Mère chérie
En voyant tant d’amour et tant d’humilité ?
 
Tu nous aimes, Marie, comme Jésus nous aime
Et tu consens pour nous à t’éloigner de Lui.
Aimer c’est tout donner et se donner soi-même
Tu voulus le prouver en restant notre appui.
Le Sauveur connaissait ton immense tendresse
Il savait les secrets de ton cœur maternel,
Refuge des pécheurs, c’est à toi qu’Il nous laisse
Quand Il quitte la Croix pour nous attendre au Ciel
 
Or près de la croix de Jésus se tenaient sa
mère et la soeur de sa mère, Marie, femme de
Clopas, et Marie de Magdala. Jésus donc
voyant sa mère et, se tenant près d’elle, le
disciple qu’il aimait, dit à sa mère : "Femme,
voici ton fils.« Puis il dit au disciple : »Voici ta mère." Dès cette heure-là, le
disciple l’accueillit comme sienne.
(Jn 19, 25-27)
 
Marie, tu m’apparais au sommet du Calvaire
Debout près de la Croix, comme un prêtre à l’autel
Offrant pour apaiser la justice du Père
Ton bien-aimé Jésus, le doux Emmanuel
Un prophète l’a dit, ô Mère désolée,
« Il n’est pas de douleur semblable à ta douleur ! »
O Reine des Martyrs, en restant exilée
Tu prodigues pour nous tout le sang de ton cœur !
 
La maison de Saint Jean devient ton seul asile
Le fils de Zébédée doit remplacer Jésus
C’est le dernier détail que donne l’Evangile
De la Reine des Cieux il ne me parle plus.
Mais son profond silence, ô ma Mère chérie
Ne révèle-t-il pas que le Verbe éternel
Veut lui-même chanter les secrets de ta vie
Pour charmer tes enfants, tous les Elus du Ciel ?
 
Bientôt je l’entendrai cette douce harmonie
Bientôt dans le beau Ciel, je vais aller te voir
Toi qui vins me sourire au matin de ma vie
Viens me sourire encore… Mère…. voici le soir !…
Je ne crains plus l’éclat de ta gloire suprême
Avec toi j’ai souffert et je veux maintenant
Chanter sur tes genoux, Marie, pourquoi je t’aime
Et redire à jamais que je suis ton enfant !……
(PN 54)

La poésie « Pourquoi je t’aime ô Marie ! »

Date : mai 1897.
Composition spontanée (également demandée par soeur Marie du Sacré-Cœur).
Publication : avec l’édition de 1898 de l’Histoire d’une Âme , trente-neuf vers corrigés.
Mélodie : La plainte du mousse.

« J’ai encore quelque chose à faire avant de mourir », confie Thérèse à sa soeur Céline : « J’ai toujours rêvé d’exprimer dans un chant à la Sainte Vierge tout ce que je pense d’elle » (PA, Rome, p. 268). En ce mois de mai, elle commence à pressentir la diffusion probable de ses écrits. Et elle considère ses « pensées » sur Marie comme partie intégrante de « l’œuvre bien importante » qui se prépare.

Plus que jamais, Thérèse ne peut « se nourrir que de la vérité ». Il faut qu’elle « voie les choses telles qu’elles sont ». Concernant la Vierge Marie, ce qui l’intéresse uniquement, c’est « sa vie réelle, pas sa vie supposée ». D’instinct, elle se tourne vers l’Evangile, son unique source d’inspiration désormais : « Ce livre-là me suffit ». Elle nous renseigne même sur sa « méthode » : « L’Evangile m’apprend… et mon cœur me révèle ».

Et son « cœur » lui fait « comprendre » par connaturalité le sens caché des faits, leur portée pour sa propre vie aujourd’hui et bientôt pour son éternité même. L’intelligence du cœur a été affinée chez elle ces derniers mois de mille manières, mais surtout en deux domaines : mystère de la souffrance, sous le laminoir de l’épreuve ; étendue des exigences de la charité, à la faveur de vives lumières ; le tout s’enveloppant de silence.

C’est dans la prière d’abord qu’il faut recevoir ce long poème, sorte d’hymne liturgique de deux cents alexandrins très réguliers, qui traduisent bien « l’objectivité » à laquelle s’astreint l’auteur. Mais une émotion contenue parcourt cependant ces strophes qui connaissent de grands moments (str. 8, 16, 22…). De belles images l’enrichissent (str. 3, 7-8 ; 7, 5-6…) ; des formules lapidaires jaillissent (str. 10, 4 ; 16, 4, qui est comme le Credo de Thérèse ; et le célèbre 22, 3). Une strophe admirable conclut.

La « petite Thérèse » signe ces lignes d’une main défaillante : humble et bouleversant point final à toute son œuvre poétique.

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