Nouvelles du couvent des Carmes de Bagdad, juin 2008

La Situation actuelle du Pays

La situation du pays ne s’est pas concrètement améliorée depuis le commencement de la guerre lancée par les américains et leurs alliés, il y a environ 5 ans. La violence et le massacre de civils innocents continuent à infester l’Irak. Nous constatons aisément que l’invasion dirigée par les Etats-Unis a apporté la misère et la destruction du pays. Les Irakiens, qui font face à une véritable catastrophe humanitaire, sont devenus les victimes d’attaques terroristes quotidiennes. Les gens, cependant, essaient de continuer à vivre et sont obligés d’aller travailler malgré tout, afin d’assurer leur survie et celle de leur famille. Ils se rendent à leur travail tout en sachant que, lorsqu’ils quittent leur domicile chaque matin, ils ne sont pas certains de pouvoir retourner chez eux le soir.

Couvent des Carmes de Bagdad

La plupart des infrastructures de l’Irak, y compris les routes, les ponts, les édifices gouvernementaux, ont été détruites soit au moment de l’entrée en guerre des Etats-Unis, soit lors des attentats terroristes. La guerre et la violence, et de ce fait, la misère qui les accompagnent, ont forcé plus de quatre millions d’irakiens à fuir leurs maisons pour se réfugier dans les pays voisins. Un flux régulier de réfugiés continue à se déverser dans les pays frontaliers. Cette situation nous a obligés à nous en tenir uniquement à l’essentiel de notre vocation. Elle nous a amenés à réviser souvent notre vie et notre apostolat et nous a poussés à inventer de nouveaux moyens apostoliques pour mieux répondre aux besoins spirituels de nos fidèles, mais en tenant toujours compte de nos possibilités et de nos limites.

La situation de l’Eglise et l’apostolat de la communauté.

La situation de l’Eglise en Iraq a été beaucoup affectée négativement par la situation générale du pays. C’est depuis la guère du Koweït en 1990 que la situation de l’Eglise a commencé à être plus difficile qu’auparavant. Les chrétiens se voyaient plus clairement traiter comme citoyens de seconde zone, ou perçus comme collaborateurs des Alliés, pour la simple raison qu’ils sont de la même religion. En 2004, un an après la dernière guerre, les actes terroristes ouvertement dirigés contre les Eglises, les chrétiens et leurs responsables religieux, commencent à apparaître. Cela a été suivi par des menaces, des pressions pour une émigration forcée, des kidnappings et des meurtres. Beaucoup de familles chrétiennes se sont réfugiées dans le nord de l’Irak (au Kurdistan) et d’autres ont émigré vers la Syrie, la Jordanie ou d’autres pays pour chercher la sécurité et retrouver une vie à peu près normale.

Les séries d’attentats contre les Eglises, les kidnappings, les tortures de prêtres, les demandes de grandes rançons et même les meurtres des prêtres sont alors devenus chose habituelle. A ce sujet, vous avez certainement entendu parler de l’assassinat de l’évêque chaldéen, Mgr Rahho (en mars dernier), suivi de celui d’un prêtre syrien orthodoxe.

Apostolat des frères carmes de Bagdad, un groupe de laïcs avec le fr. Ghadir

Et nous ? Devant cette situation tragique que nous vivons tous les jours, une question se pose à nous continuellement. Cette question, qui nous conduit à réfléchir sans cesse à notre responsabilité, à notre apostolat, à la nécessité de tout réexaminer, à renouveler nos méthodes, se pose en ces termes : quel est notre rôle comme carmes au milieu de tout ce qui se passe dans le pays ? En fait, en plus de l’importance des messes dominicales et quotidiennes pour notre quartier (puisque notre église est la seule dans ce secteur depuis la fermeture d’une église chaldéenne, à cause du danger), plusieurs tâches urgentes se sont imposées à nous : assurer le catéchisme et la première communion des enfants, s’occuper des jeunes chrétiens du quartier, des pauvres et des familles obligées de se déplacer. Ainsi, du fait de l’absence du prêtre de la paroisse, nous nous sentons responsables des chrétiens de notre quartier.

Notre communauté se compose actuellement de trois pères :

Le Père Manuel, missionnaire carme espagnol, qui a passé une trentaine d’années au Congo, vient de rejoindre notre couvent de Bagdad après une absence obligée de onze mois en Espagne, en raison du danger. L’obstacle de la langue arabe ne l’handicape pas particulièrement puisqu’il s’occupe de l’économat, du renouvellement de la bibliothèque et de l’intendance du couvent. Sa présence est une aide précieuse pour la communauté.

Le Père Thomas, quant à lui, s’occupe du catéchisme depuis l’an dernier ; il vient de lancer un groupe de jeunes qui se rencontre une fois par semaine. Il a le souci des malades et des personnes âgées du quartier.

Il y aussi l’apostolat à notre cathédrale latine, à laquelle est rattaché le centre "Saint Joseph" (dont nous parlerons plus loin). Monseigneur Jean Sleiman, notre archevêque, nous encourage à participer activement à son animation. Une des activités de ce centre est l’Institut de l’Education et de la Vie Spirituelle ; cet Institut, qui a été inauguré en l’an 2000 a pour mission de former les laïcs engagés dans les différentes églises de Bagdad. Ajoutons à cela les divers groupes dont nous nous occupons depuis 1997 : groupes bibliques, de prière, « Les frères du Christ » (une confrérie), « Les filles de Notre Dame de Mont Carmel » (une association laïque de fidèles qui a été érigée officiellement avec l’aide de Mgr. Jean Sleiman le 15 mai 2001). Il y a deux ans, nous avons récupéré et réaménagé un de nos couvents (ND du Mont Carmel), afin de l’utiliser comme centre de retraite spirituelle - service d’Eglise qui n’existait pas auparavant à Bagdad -. Nous travaillons avec le groupe des consacrées laïques (« Les filles de ND de Mont Carmel ») pour réussir cette tâche qui a commencé depuis plus d’un an.

A cause de la difficulté de notre situation, évoquée plus haut, (et à laquelle l’Eglise d’Irak doit faire face), nous avons pensé, en lien avec tous les groupes mentionnés ci-dessus, de faire de cette année 2008 une année de l’apostolat. Nous avons créé des activités visant à prendre en charge en priorité la jeunesse chrétienne de Bagdad, et tous les chrétiens dans leur ensemble. Ayant reçu l’agrément et les encouragements de Mgr. Jean Sleiman, nous avons lancé quelques activités nouvelles. Celles-ci ont lieu soit à la Cathédrale, soit dans notre Centre spirituel "Notre Dame de Mont Carmel ». Des laïcs des différents groupes nous aident à mener à bien ces nouvelles activités, très diversifiées :

  • une école de prière carmélitaine.
  • Une fraternité du Carmel.
  • Différentes retraites adaptées aux jeunes et aux moins jeunes tout au long de l’année.
  • Différentes conférences avec la coopération de l’évêque latin et d’autres prêtres.
  • Veillée mensuelle de prière.
  • Un groupe s’occupant des familles en difficulté.
  • Une rencontre annuelle qui rassemble tous ces groupes.

Nous avons un grand besoin de vos prières pour réussir toutes ces activités et continuer à servir dans la joie et l’espérance au milieu de cette situation dangereuse que connaît notre pays. Priez aussi pour nos deux étudiants carmes Hilal et Emad, actuellement au Liban. Ceux-ci terminent leur première année d’études. Priez également pour que le Seigneur nous envoie d’autres vocations. Côtoyant sans cesse la terreur et la mort, je pense souvent à la situations des premiers chrétiens après la mort de Jésus : ils étaient dans la peur et l’angoisse, mais l’Esprit Saint a fait naître à partir de cette situation désespérante, une Vie nouvelle et une Espérance infinie !

Le Centre de Saint Joseph

Une promotion de laïcs formée au Centre Saint Joseph de Bagdad

Ce Centre a été inauguré en 2001 dans les locaux dépendant de la Cathédrale latine. Mgr. Jean Sleiman (archevêque de Bagdad des Latins) nous a permis d’utiliser ces salles de l’évêché. Nous recevons mensuellement d’une organisation chrétienne une somme d’environ 4000 dollars qui nous permet d’honorer nos divers frais de fonctionnement. Toutefois, il y a trois mois, cette organisation humanitaire nous a informés qu’elle ne peut plus poursuivre son soutien financier. Mgr. Sleiman, de son côté, nous a lui aussi expliqué sa difficulté à nous aider au delà des deux ou trois prochains mois.

Nous pouvons résumer les activités du Centre et son financement de la façon suivante :

  • Un Institut de l’Education et de la Vie spirituelle, qui propose une formation en 3 ans, au rythme d’une rencontre hebdomadaire. Cet Institut forme les laïcs militants des différentes églises de Bagdad : nous dispensons différents enseignements relatifs à la formation biblique, à la vie de prière carmélitaine et à l’accompagnement spirituel. La formation des laïcs aborde également divers sujets fondamentaux de la vie spirituelle.
  • Un comité s’occupant des victimes du terrorisme et des persécutions offre aux familles des portions mensuelles de nourriture.
  • Un centre Internet.
  • Une librairie religieuse.
  • Une Ecole d’oraison carmélitaine.
  • Le financement des 13 personnes salariées travaillant dans ce Centre (secrétariat, site Internet, accueil, entretien, librairie, femme du ménage, etc.)
  • D’autres dépenses : transport, téléphone, entretien des générateurs et achat du gasoil ; articles de papeterie, entretien du photocopieur et des ordinateurs etc.

La somme nécessaire au fonctionnement du Centre saint Joseph avoisine les 4000 dollars par mois.

Fr. Ghadir, prieur de Bagdad

APPEL AUX DONS

Les personnes souhaitant soutenir financièrement le Centre Saint Joseph peuvent adresser leur don à :
Procure des Missions Carmélitaines
Couvent des Carmes
1 rue Père Jacques
77210 AVON

(Chèque libellé à l’ordre de la « Procure des Missions Carmélitaines »)

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