Que veut dire « Veiller » ? (Ho. 32 dim TO - 12/11/23)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Sg 6, 12-16 ; Ps 62 (63) ; 1 Th 4, 13-18 ; 1 Th 4, 13-14 ; Mt 25, 1-13

Elle (la sagesse) se laisse trouver par ceux qui la cherchent. Qu’est-ce que cette sagesse qui se laisse trouver par ceux qui en ont le désir ? La parabole évangélique des dix vierges donne une réponse à cette question. Disons d’abord que cette parabole, très connue, garde sa part d’étrangeté. En général, les paraboles de Jésus emprunte beaucoup à la culture de ses contemporains, par exemple, les noces de Cana, où nous apprenons qu’on sert d’abord le bon vin. L’histoire racontée dans notre Évangile est différente. Que signifie cette invitation des dix jeunes filles à des noces pour aller à la rencontre de l’époux ? Il semble qu’on soit très loin des rites des noces juives du 1er siècle. Une chose qui est étrange pour nous, mais qui appartient bien au contexte oriental, est qu’on ne connaît pas l’heure du rendez-vous ! Cela ne ressemble en rien à nos usages occidentaux.

La suite est donc logique, l’époux tarde à venir, il est donc bien normal que les jeunes filles s’endorment. Il n’y a pas de mal à cela. C’est un fait naturel, humain. La preuve en est que l’endormissement est général. Il y a cependant une distinction. La parabole dès le début désigne deux groupes, les insouciantes et les prévoyantes. La distinction repose sur le fait de s’être procuré, ou pas, une réserve d’huile pour l’évènement, le rendez-vous avec l’époux, dont l’heure, répétons-le, n’est pas connue. Il y a donc les insouciantes et les prévoyantes.

Au milieu de la nuit, il arrive enfin, un cri l’annonce : Voici l’époux, sortez à sa rencontre. C’est alors la panique pour les insouciantes qui se rendent compte qu’elles ont un problème d’intendance, elles n’ont plus d’huile ! Elles demandent de l’aide auprès des prévoyantes et ne l’obtiennent pas ! Ce refus ne doit pas être regardé, considéré, sous l’angle de la morale, car on pourrait aisément dénoncer les riches prévoyantes qui n’aident pas les pauvres insouciantes. Et de conclure que ce n’est pas très chrétien. Rien de tel dans la parabole. Le texte dit que les prévoyantes expliquent leur refus de partager leur huile parce que cela ne pourrait suffire à toutes. Toutes pourraient ainsi manquer le rendez-vous. Que signifie toute cette histoire ? Tout tourne autour de cette huile que les unes ont eu la sagesse de se procurer et pas les autres. Que signifie cette huile que l’on ne peut partager ? Une huile qui est personnelle et qui ne se transmet pas ? Cette huile désigne une richesse spirituelle, celle de la relation personnelle avec Dieu. L’huile représente la foi, l’amour, l’espérance, la prière, le témoignage vivant, les bonnes œuvres, toute une vie donnée à Dieu, de diverses manières. Elle manifeste le degré d’engagement dans la vie avec Dieu, elle manifeste le degré de vigilance, de veille spirituelle de la personne, de sa capacité de discerner. Finalement, ne pas avoir le souci de se procurer de l’huile, c’est ne pas avoir le souci, la sagesse de chercher Dieu, d’avoir avec Lui une vraie relation qui transforme la vie. Voilà pourquoi chacun a son huile et une huile qu’on ne peut partager. L’engagement envers Dieu est l’affaire de chacun, on ne peut pas s’engager pour un autre. On peut prier pour un autre, on peut aider l’autre, mais on ne peut pas décider de s’engager à veiller spirituellement pour un autre. Nous sommes prévenus, la venue du Seigneur, on n’en connaît ni le jour, ni l’heure, voilà pourquoi il est bon de veiller dans l’attente de sa venue. Veiller veut simplement dire être spirituellement vivant, en pratiquant les vertus théologales dans le quotidien de la vie, dans l’ordinaire de la vie. Les jeunes filles prévoyantes ont fait cela et pas les insouciantes. Pour elles, la parabole est sévère, après avoir essuyé le refus des jeunes filles sages, c’est l’époux lui-même qui les laisse à la porte, sans ménagement. Elles ne se sont pas préparées à cette rencontre, voilà pourquoi elles ne peuvent en faire l’expérience.

Certes, ceci est une parabole, et non une prophétie. Son but est de nous faire réfléchir à la question de la vitalité de notre foi, de notre fidélité au Seigneur, de notre désir de le rencontrer, d’être avec Lui. Brûlons-nous d’amour pour Lui ? Qu’est-ce que la sagesse qui se laisse trouver par ceux qui en ont le désir, disions-nous au début de cette homélie ? Jésus, bien sûr ! C’est Lui qui est ainsi décrit dans la première lecture : La Sagesse est resplendissante, elle se laisse contempler par ceux qui l’aiment. […] au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; dans chacune de leurs pensées, elle vient à leur rencontre. Demandons à Dieu la grâce de veiller amoureusement, confiant en la venue de son Fils, à l’heure qu’Il aura choisie. Amen

Fr. Robert Arcas - (Couvent d’Avon)

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