Quelle lumière, et quelle vie Jésus vient-t-il nous apporter ? (Ho. 3e Dim. Avent - 17/12/23)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Is 61, 1-2a.10-11 ; Lc 1, 46b-48, 49-50, 53-54 ; 1 Th 5, 16-24 ; Jn 1, 6-8.19-28

Jn 1-5 : « Au commencement était le Verbe et le Verbe était avec Dieu et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui rien ne fut. Ce qui fut en lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes, et la lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie. »

La lumière de Dieu, Jésus, est venue parmi nous. Cette lumière qui est bien plus que la vie biologique, qui est vie profonde de l’âme, n’a pas été reçue. Elle n’a pas été comprise et les hommes n’ont pu s’en emparer ni la détruire. Dès le début de l’Évangile, nous sommes comme mis en face de la venue de Jésus dans l’enfant tout autant que projetés à la fin de sa vie, à sa mort et à sa résurrection. La lumière a vaincu les ténèbres, elle n’a pas été saisie. Jésus a tracé son chemin sur la terre, la vie en lui a été la plus forte face à nos ténèbres. Comment cela a-t-il été possible ? Ou bien, comment accéder à cette lumière, la recevoir ? Comment percevoir la lumière de Dieu dans cet enfant ou dans cet homme qui meurt en croix et dans pas un autre ?

Ainsi commence l’Évangile en St Jean avec ces quelques versets qui précèdent le texte d’aujourd’hui.

Que vient faire ce nouveau personnage en la personne de Jean Baptiste ? L’Évangéliste Jean ne s’attarde pas à le décrire. C’est comme si Jean Baptiste s’effaçait devant l’importance de sa mission qui est de témoigner, de nous aider à regarder autrement. Comment la lumière lorsqu’elle brille peut-elle passer inaperçue ? N’est-ce pas dire que la personne de Jésus ne tombe pas sous le sens, que l’on ne peut la découvrir que sur le mode de la confession, de l’affirmation de la foi, et reçue seulement dans la foi. La lumière est là, elle est vie, mais ni notre intelligence, ni notre savoir, ne peuvent la comprendre tant elles sont enténébrées. Nous ne pouvons la saisir avec nos facultés naturelles. La révélation n’obéit pas à des critères humains. Jean Baptiste a cette lucidité, cette clairvoyance des prophètes, cette ouverture du cœur nécessaire pour participer un peu de cette lumière, même si la personne de Jésus lui reste encore un peu voilée.

Les membres du clergé sont tout autant perdus et restent interrogatifs. Jean Baptiste est bien obligé de se situer devant la pression des questions de ces hommes qui en restent à leur savoir purement humain, fût-il de la Bible. À tel point que la lumière brille sans qu’ils puissent la reconnaître.

Par le triple démenti sur sa personne, Jean le Baptiste nie catégoriquement être, d’une façon ou d’une autre, le porteur du salut eschatologique. Il n’est pas la lumière, mais la lumière est en lui puisqu’il perçoit en Jésus bien plus que son apparence. Dans la nuit de ce temps, de son temps comme du nôtre, il oriente notre regard autrement. Il nous invite à nous qui sommes baptisés à nous poser et reposer cette question concernant Jésus : quelle lumière, et quelle vie Jésus vient-t-il nous apporter ? Qu’est-ce qui résiste encore en nous ?

Chaque époque a ses problématiques, ses grandeurs et ses ténèbres. Fondamentalement, le monde restera le même tant que les hommes ne se convertiront pas. Certes, il y a une accumulation impressionnante du savoir, mais du côté de l’âme, rien ne progresse, elle n’est pas nourrit alors qu’elle est faite pour l’infini. La lumière divine brille toujours, et nos refus de la recevoir sont toujours là. Chaque génération est invitée à entrer dans ce combat et renouveler son oui à la vie divine présent en Jésus Christ.

Quelque chose s’intensifie, la vie s’accélère, la terre se fait plus petite, l’univers immensément plus grand, et puis le combat entre lumière et ténèbres semble prendre plus de force. Les plus faibles en payent le prix. L’intelligence artificielle n’ajoutera rien à ce plus d’humanité à laquelle l’être humain est appelé. Celui-ci voudrait se faire l’auteur de sa propre vie, de sa destinée, il ne sait plus recevoir la vie qui lui est donnée, ni la partager. Nous sommes appelés à prendre le relais de Jean Baptiste, à faire comme lui, à témoigner à notre tour, non pas de nous-mêmes, mais de la lumière qui, un jour, est entrée en nos cœurs.

Comme pour Jean Baptiste, nous avons à laisser toute la place à cette vie plus grande, à ne pas y faire écran. L’Église, et c’est vous et c’est moi, entre dans ce combat avec ses fragilités, ses ambiguïtés, mais aussi forte d’une Présence indicible. Si elle n’était que le fruit de nos mains, il y a longtemps qu’elle se serait dissoute. Pour l’Église et pour le monde nous avons à nous redresser, en servant avec Jean Baptiste, comme témoins d’un Amour plus grand.

Fr. Yannick Bonhomme - (Couvent d’Avon)

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