Qui est mon prochain ? (Ho 15°dim TO - 10/07/22)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Dt 30, 10-14 ; Ps 68 ; Col 1, 15-20 ; Lc 10, 25-37

La période des vacances qui s’ouvre devant nous est une bonne occasion pour consacrer du temps à la lecture, et ouvrir le livre qui traîne parfois depuis des mois sur l’étagère de la bibliothèque… Nombreuses sont les publicités qui nous développent ce temps de repos comme une opportunité pour raviver en nous le goût de la lecture. Nourri par cette réflexion, et après l’accueil de la Parole de Dieu de ce dimanche, je me permets de vous faire une suggestion. Ce temps d’été ne serait-il pas aussi pour chacun de nous une occasion favorable pour ouvrir le Livre de la Parole, la Bible, et notamment les Évangiles, et faire l’expérience – pourquoi pas ?– de lire un des quatre évangiles ? Permettez-moi une suggestion : si vous voulez lire l’Évangile selon St Marc (le plus court,) pas plus de deux heures sont nécessaires, et là je compte une lecture un peu lente… Mais regardons du plus prêt ce que Dieu nous dit dans les Écritures choisies pour ce dimanche. L’auteur du livre du Deutéronome, entendu en première lecture, nous exhortait en nous confiant un message de Moïse : « Écoute la voix du Seigneur ton Dieu… ». L’extrait de ce livre biblique se concluait par : « Elle est tout près de toi, cette Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur ». Encore faudrait-il que cette Parole de Dieu puisse s’imprimer sur nos cœurs et en nous, pour que nous vivions de cette manne de Dieu accessible à tous, et déposée chaque jour comme au temps des Hébreux vivant dans le désert.

Comment pouvons-nous dynamiser notre vie chrétienne, notre agir dans la foi, si nous n’accueillons pas la Parole de Dieu en nous pour qu’elle devienne ce gouvernail qui oriente notre vie ? Cette invitation de Moïse ne s’arrête pas à ce texte mais à toute Parole de Dieu. Elle est toujours une invitation pressante à la conversion. La Parole de Dieu garde en elle la fraîcheur du commencement même si elle a traversé des siècles. Elle s’offre à nous aujourd’hui avec sa force et sa puissance pour accompagner notre vie chrétienne.

Alors faisons un pas de plus pour devenir les destinataires du message de saint Luc, notre évangéliste de ce dimanche. Recevons cette page de l’Évangile dominical comme une lettre que Dieu nous adresse à chacune, chacun de nous. Le bon Samaritain est peut-être un des passages les plus connus avec cette question jamais totalement élucidée : « Qui est mon prochain ? » Quelle est mon attitude face à la détresse ou la demande d’aide entendue si souvent. Qui n’a jamais détourné son visage devant un appel à l’aide, une demande ? Lassitude, fatigue, énervement, encore et toujours, je ne peux pas être Mère Térésa !…la liste des objections et des justificatifs pour ne rien faire pourrait être longue. La question : « Qui est mon prochain ? » est loin d’une question secondaire ou annexe. Elle est au cœur de notre foi en ce Dieu rendu visible en son Fils Jésus de Nazareth. Il est « l’image du Dieu invisible » affirme Paul dans sa Lettre aux Colossiens (1,15) et s’est fait le prochain de celle ou celui qu’Il rencontrait sur son chemin, celles et ceux vers qui Jésus allait.

On peut entendre Jésus nous dire : « Pour connaître ton prochain, ne te reporte pas à une liste donnée par un code, ou à ton carnet d’adresses. N’en reste pas même à des généralités comme lorsque tu dis que tu reconnais ou que tu es prêt à connaître en tout homme ton prochain. Lorsque tu rencontres, sur ta route, quelqu’un – même un inconnu – qui a besoin de toi, mets-toi à sa place. A ta manière de te comporter, d’agir, c’est lui qui reconnaîtra si tu es ou non son prochain, si tu vois ou non en lui le prochain. »

La question posée par le docteur de la Loi au début de notre Évangile résonne en nous : « Maître, que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? » Cette question est au cœur de la liturgie de ce dimanche. Alors tendons l’oreille pour écouter notre Seigneur et Dieu. Les commandements, la Loi de Dieu, n’imposent pas une soumission extérieure. Elle ouvre pour chacun de nous un espace de vie. Nourris par la Parole de Dieu dans sa fraîcheur toujours permanente, nous pourrons oser des gestes et des paroles qui prendront leur source dans la connaissance de cette Loi du Seigneur. Le « commandement » de l’amour de Dieu et du prochain est un principe de vie qu’il nous faut avoir dans le cœur et qui va irriguer notre quotidien. Alors comment ne pas écouter d’une oreille attentive la fin de ce passage de l’Évangile selon St Luc qui met dans la bouche de Jésus : « Va, et toi aussi, fais de même » ? Cette semaine, comment vais-je mettre en pratique cette invitation ? Chacun de nous trouvera, s’il se nourrit de la Parole de Dieu, la réponse que son cœur lui dictera.

Fr. Didier-Joseph, ocd - (couvent d’Avon)
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