Revêtir l’homme nouveau (1er Dim. Avent) (01/12/19)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Is 2, 1-5 ; Ps 121 (122) ; Rm 13, 11-14a ; Mt 24, 37-44

Nous voilà entrés en Avent ce dimanche. Mais l’Évangile que nous venons d’acclamer n’est pas là pour nous donner le moral. Nous voici placés devant le rayon « catastrophes » : en sera-t-il ainsi tout au long de ce mois de décembre ? Allons-nous vivre le dos courbé, repliés sur nous-mêmes dans une attente peu rassurante ? Comment sortir de cette grisaille et nous préparer à fêter Noël, fête de l’espérance, de la joie, de l’amour, du partage, de la rencontre. Fête de la lumière. « S’il te plait Seigneur donne-nous de la lumière au dehors de nous comme à l’intérieur de nous. Nous voulons vivre Noël autrement ».

Mais alors comment comprendre les textes de la Parole de Dieu entendus ce jour. Matthieu l’évangéliste nous rappelle l’histoire de Noé. Face à la dévastation de la terre, Noé prépare un moyen pour sauvegarder êtres humains et animaux. Cette histoire peut paraître lointaine, mais n’avons-nous pas à entendre et accueillir son sens, mieux sa sagesse. En effet cette histoire de Noé nous apparaît comme l’antithèse des premiers chapitres de la Genèse qui évoquent la création de l’homme et de l’univers. Ainsi, le déluge se présente d’abord comme une « anti-création », une « dé-création ». Dieu a confié à l’homme sa création. Il l’invite à gérer avec soin son jardin, - la maison commune dirait le Pape François - d’y reconnaître tout ce que Lui, Dieu, a laissé pour que l’être humain soit heureux…Mais à peine Dieu a-t-il tourné le dos que l’homme gâche, blesse, abime, dégrade ce trésor. Le cœur de l’homme est rongé par le mal, la violence et la haine. Souvenons-nous du meurtre d’Abel par son frère Caïn.

Mais Dieu ne peut supporter un tel gâchis. Et face à cette destruction Il choisit un homme juste appelé Noé. Cet homme a accepté de « marcher avec Dieu », de suivre ses chemins en faisant alliance avec lui. Les héritiers ont saccagé l’héritage, mais Dieu ne s’arrête pas à cette blessure. Aussi Noé est-il appelé pour être l’instrument d’une nouvelle création. Et si nous appelions ce temps de « nouvelle création » le temps de l’Avent ? Si vous et moi nous étions alors invités par Dieu, non pas à baisser les bras, laisser faire tout et n’importe quoi au nom d’une rentabilité, d’une maîtrise, d’une volonté de puissance, mais d’oser dessiner un autre avenir à notre existence. Allons-nous nous laisser aveugler comme les contemporains de Noé qui se sont laissé envahir par leur propre méchanceté ? Ce choix, que chacun de nous peut le faire.

Alors le développement de l’Evangile de ce dimanche s’ouvre sur une autre orientation. Chacun devient responsable des choix qu’il pose. Et les phrases de l’Evangile : « deux hommes seront aux champs : l’un sera pris, l’autre laissé, deux femmes seront au moulin en train de moudre : l’une sera prise, l’autre laissée… » n’apparaissent pas comme une sorte de malédiction posée sur l’un et pas sur l’autre, mais comme la responsabilité de chacun. Jésus nous renvoie à notre liberté. Sans oublier que sa miséricorde sera toujours au rendez-vous. Personne n’est digne d’être appelé enfant de Dieu, mais pour tous cette dignité est reconnue, malgré tous les aléas d’une vie. Car comme l’a exprimé à juste titre Paul, il s’agit de rejeter « les activités des ténèbres » pour « revêtir l’homme nouveau, le Seigneur Jésus Christ ».

Voilà le chemin d’Avent qui pourrait se dessiner pour chacun de nous. Comme toute femme enceinte, la Vierge Marie porte en elle Jésus. Nous portons nous aussi la trace de Dieu en nous. Allons-nous la laisser vivre, se développer, grandir ? Quatre semaines de l’Avent ne sont pas de trop pour laisser l’Esprit de Dieu nous refaçonner. Le temps de l’Avent devient alors un temps de création. Un temps où Dieu nous tend la main pour que nous changions de cap, pour que nous choisissions la vie au lieu du néant, la lumière au lieu des ténèbres. Alors le cri d’Isaïe entendue à la première lecture peut résonner à nouveau : « Venez ! Montons à la montagne du Seigneur, à la maison du Dieu de Jacob ! Qu’il nous enseigne ses chemins, et nous irons par ses sentiers. ».

Le temps de l’AVENT ? C’est le temps où Dieu nous enseigne pour développer notre vocation d’enfant de Dieu et devenir davantage fils/fille dans le Fils bien-aimé Jésus. Finie la grisaille. L’espérance s’invite. Qu’elle soit notre bâton de marche tout au long de cette préparation à Noël, avec la Parole de Dieu sous le bras. Dieu vient faire du neuf dans nos vies. C’est l’Avent. Dieu nous visite. Accueillons-Le. Recevons-Le.

Fr. Christophe-Marie, ocd - (couvent d’Avon)
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