Prenez garde, restez éveillés (Homélie dim 1er Avent)

Textes liturgiques (année B) : Is 63, 16b-17.19b ; 64, 2b-7 ; Ps 79 (80) ;1 Co 1, 3-9 ; Mc 13, 33-37

La Conférence des évêques de France (CEF) a annoncé, vendredi 31 mars 2017, l’entrée en vigueur de la nouvelle traduction du « Notre Père », dans toute forme de liturgie publique, le premier dimanche de l’Avent 2017. Nous y voilà en ce dimanche 3 décembre. La nouvelle traduction française entre en application aujourd’hui. Nous la dirons ensemble, tout à l’heure. On vous a distribué le texte pour faciliter la chose, et nous pourrons exceptionnellement en ce jour lire le texte, plutôt que de le réciter par cœur pour éviter toute erreur. Le changement est limité, puisqu’il ne concerne qu’un groupe de sept mots ! "Ne nous soumets pas à la tentation" Cet ensemble disparaît, remplacé par : "Ne nous laisse pas entrer en tentation". Je ne commenterai pas cette nouvelle traduction, qui doit être reçue comme meilleure que la précédente, parce que ce n’est ni le lieu ni le moment de le faire. Mon propos, ici, en cette eucharistie, est de faire simplement ce qui nous est demandé par l’Église de France. C’est par un acte d’obéissance à l’Église que nous commençons donc cet Avent 2017. L’obéissance à une telle décision ne coûtera peut-être rien à certain, un peu ou beaucoup à d’autres.

Pour tous, pour chacun, il y a là un symbole fort d’unité de l’Église catholique en France. L’Église de France n’est pas une réalité monolithique, ce n’est pas une grande secte, mais une réalité à la fois diverse et unie. Le véritable enjeu spirituel est celui de la communion ecclésiale. Cette communion est un mystère, un mystère d’alliance, qui repose sur la rencontre entre la volonté de Dieu et la réponse de l’homme, comprendre ici la décision des évêques de France. Cette décision elle-même est au terme d’un long travail où toutes les parties ont eu le souci de veiller à la communion.

Justement, veiller est le thème central des lectures de cette messe. Le premier mot de Jésus dans l’Évangile est : "Prenez garde, restez éveillés". Un appel sérieux à la vigilance. Pourquoi ? Parce que l’homme est en danger ! Le prophète Isaïe le dit clairement : Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de tes chemins ? Pourquoi laisser nos cœurs s’endurcir et ne plus te craindre ?

Le danger est d’errer, avec le risque de se perdre, de s’endurcir et de devenir insensible aux appels de Dieu, de couper la relation avec Dieu. Quand l’homme n’exerce pas cette veille spirituelle, il perd le nord, et il devient le jouet des éléments comme des feuilles mortes emportées par le vent ! Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison (…) il ne faudrait pas qu’il vous trouve endormis.Cette venue est imprévisible et, par conséquent, il est nécessaire de veiller, d’exercer notre vigilance ! Veiller signifie : être là et agir avec discernement pour faire face aux événements. C’est une attente active et un engagement sur le chemin de la vie, le chemin du salut. Il faut entendre l’appel de Jésus à la vigilance. Car l’homme est bien menacé de perdre la grâce et la paix, les dons de Dieu, dont parle Paul dans la deuxième lecture.

Paul dit à ce sujet : Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus. Paul est rempli de confiance envers ses lecteurs : …le témoignage rendu au Christ s’est établi fermement parmi vous. Ainsi, aucun don de grâce ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. Pour Paul, les croyants auxquels il s’adresse sont des veilleurs, de bons veilleurs. C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ.

Ne faisons pas mentir l’apôtre Paul ! Et veillons à ne pas reproduire ce qu’Isaïe déplorait : Tous, nous étions comme des gens impurs, et tous nos actes justes n’étaient que linges souillés. (…) Personne n’invoque plus ton nom, nul ne se réveille pour prendre appui sur toi. Jésus nous le dit et redit : Prenez garde, restez éveillés.

Tout événement de la vie qui contient un danger ou une limite : la maladie, la mort d’un être cher, l’échec d’un projet, l’angoisse devant le vide, ou même simplement toute activité de la vie quotidienne, est l’occasion d’exercer notre vigilance, c’est-à-dire de se réveiller pour prendre appui sur Dieu !Le Seigneur vient aussi maintenant dans cette Eucharistie, la première de ce nouvel Avent, entrons avec foi, espérance et amour dans l’attente de la venue du Seigneur !

C’est en veillant et priant que nous construisons l’Église, notre mère, elle, qui nous conduit au Père !

fr.Robert Arcas - (Couvent de Paris)
 Veillez donc, car vous ne savez pas quand vient le maître de la maison
Revenir en haut