Brûler de l’amour de Dieu (Ho 20°dim TO - 14/08/22)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Jr 38, 4-6.8-10 ; Ps 39 (40) ; He 12, 1-4 ; Lc 12, 49-53

Le Seigneur aurait-il de l’humour, il en a certainement mais je ne crois pas sur ce point particulier : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » J’ai eu l’occasion la semaine dernière de passer quelques jours en famille, j’ai pu regarder à loisir le journal télévisé et on nous parlait malheureusement pendant la moitié du journal des feux de forêt. Sans doute, l’actualité pendant l’été n’est pas très riche d’événements mais sans nul doute nous allons battre un nouveau record d’hectares brulés ! Mais, vous l’avez bien compris, le Seigneur ne nous transforme pas en pyromanes ou si, mais pas ceux auxquels nous pensons.

Pour mieux comprendre ce à quoi le Seigneur nous invite, je vais me référer à une fête du Carmel, le 26 août prochain. En effet, nous allons commémorer la Transverbération de Sainte Thérèse de Jésus (d’Avila), en voici le récit au livre de la Vie (29,13) : « Il plut au Seigneur de me montrer l’ange sous cette forme. Il n’était pas grand, plutôt petit, d’une grande beauté, son visage très enflammé le désignait comme des plus élevés, qui semblent tout embrasés. Il doit s’agir de ceux qu’on appelle chérubins, car ils ne me disent pas leur nom, mais je vois bien qu’au ciel il y a tant de différence entre certains anges et d’autres, et de ces autres à d’autres encore, que je ne puis rien affirmer. Je voyais dans ses mains un long dard en or, avec, au bout de la lance, me semblait-il, un peu de feu. Je croyais sentir qu’il l’enfonçait dans mon cœur à plusieurs reprises, il m’atteignait jusqu’aux entrailles, on eût dit qu’il me les arrachait en le retirant me laissant tout embrasée d’un grand amour de Dieu. […] C’est un duo si tendre entre l’âme et Dieu que je le supplie d’en donner un avant-goût à ceux qui penseraient que je mens. »

Comme le dit sainte Thérèse, si vous pensez qu’elle fabule, qu’elle invente ou qu’elle ment, demandez à Dieu d’en faire l’expérience, peut-être vous prendra-t-il au mot ! La représentation en sculpture de cette scène par le Bernin dans l’église Santa Maria della Vittoria à Rome nous donne une manière de représenter cette expérience mystique, c’est sublime. Cette expérience ne doit pas nous faire oublier que l’Esprit Saint a brûlé le cœur de sainte Thérèse de désirs ardents pour Jésus qu’elle a aimé passionnément.

Si sainte Thérèse peut nous sembler inatteignable, vivant des expériences mystiques hors du commun, sur ce dernier point c’est bien vrai moins sur le premier, nous ne pouvons pas nous résigner, laisser de côté l’Évangile de ce dimanche en attendant un Évangile plus clément qui nous conviendrait mieux. L’Évangile n’est pas à la carte ! Juste pour information, je suis allé voir l’Evangile de dimanche prochain et là encore, l’Evangile est décapant. Oui, c’est l’été, la période des vacances mais pas pour notre vie spirituelle. On ne fait pas de pause sans Dieu, de parenthèses, des vacances… et on reprend à la rentrée. C’est tout le contraire, les Evangiles de l’été viennent nous remettre en question, nous bousculer et nous interroger avant de repartir de l’avant, plein d’allant pour la rentrée !

Les disciples d’Emmaüs ne sont-ils pas écriés après leur rencontre avec Jésus : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » Comment se porte en nous la flamme de Dieu ? Est-elle éteinte, y a-t-il encore quelques braises ou bien est-ce un feu dévorant ? Ce qui manque le plus souvent à nous-même, nos communautés y compris nos communautés religieuses, c’est bien ce feu qui nous anime et nous fait transporter les montagnes, non pas un feu de personnes illuminées car pas besoin de gesticuler dans tous les sens ou de chanter à tue-tête mais bien ce feu intérieur qui nous dévore et qui fait alors s’écrier au prophète Elie : « Il est vivant le Seigneur en présence de qui je me tiens – je brûle de zèle pour le Seigneur Dieu de l’Univers ». Rappel de la présence de Dieu à nos côtés, une présence humble et discrète, une présence qui ne s’impose pas mais une présence qui ne nous quitte pas, ne nous abandonne pas et d’autre part, un feu qui nous consume et que nous voulons partager, que nous ne pouvons garder pour nous, qu’il s’agit de communiquer, de transmettre, un peu comme lors de la Vigile Pascale, nous transmettons la lumière du Ressuscité à partir du Cierge Pascal de cierge en cierge. Alors oui, soyons ce cierge, ce petit cierge, ce lumignon, une lumière qui brille dans notre intérieur et qui communique sa flamme à ceux qui nous entourent, que nous croisons sur notre route. Peu importe la taille de notre flamme, le Seigneur a besoin du témoignage de chacun. Alors, oui, n’ayons pas peur et laissons encore une fois résonner cette parole de Jésus : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » Amen.

Fr. Christophe-Marie, ocd - (Casa Generalizia dei Carmelitani Scalzi)
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