Jésus fut tenté… (Ho 1er dim Carême - 26/02/23)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Ps 50 (51) ; Rm 5, 12-19 ; Rm 5, 12.17-19 ; Mt 4, 1-11

Est-ce possible que le fils de Dieu soit tenté ? Comment recevons-nous ce texte de Matthieu qui ouvre notre temps de carême ? La tentation serait-elle le lot de tous, y compris pour Jésus, lui le Saint, l’Envoyé de Dieu ? Dans quelques instants, en récitant le Credo nous redirons : « Je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, le Fis unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles : Il est Dieu, né de Dieu… ».

La tentation serait-elle alors pour tous, y compris pour le Fils bien-aimé du Père, Jésus de Nazareth ? Non, Dieu ne peut pas être tenté, soyons bien assurés de cela. Mais en accueillant et en traversant les 3 tentations, Jésus se fit proche de chacun de nous, y compris lors des tentatives du Malin de nous faire chuter sur la route de vie que Dieu nous propose, et que Jésus développera tout au long des pages de l’Évangile.

Déjà l’Évangile nous montre dès les premières pages que Jésus prend le chemin qui le mène au Jourdain et vers Jean le Baptiste pour recevoir de lui un baptême. Devant la surprise de Jean, Jésus n’a-t-il pas osé dire : « Laisse faire maintenant : c’est ainsi qu’il nous convient d’accomplir toute justice. » Et Jésus entra dans les eaux porteuses des péchés des hommes. Lui, sans péché, descend dans l’eau du Jourdain, et reçoit le baptême. « Alors Jésus fut conduit au désert, pour être tenté par le diable » note Matthieu à la suite de cet évènement. Nous devons entrer dans le livre de l’Évangile pas à pas, recevant le message des pages les unes après les autres. Ces deux événements, baptême et tentations, sont le cachet de cire de l’authentification de l’identité de Jésus, pleinement Dieu et pleinement homme. Non Jésus n’a pas pris un déguisement d’homme, nous ne sommes pas au carnaval, les déguisements resteront dans leurs malles ce dimanche. Nous sommes au cœur de l’Évangile. Alors, arrêtons-nous et accueillons cette pierre précieuse de notre foi qui nous invite à l’ouverture de ce temps de carême en faisant route avec Jésus, en son humanité et sa divinité. Et Jésus fut tenté.

Ce n’est pas un accident de parcours. Nous sommes bien au cœur de la Bonne Nouvelle. Si nous avons été invités dès mercredi à jeûner, nous sommes aussi appelés dès ce premier dimanche de carême à faire un acte de foi en Jésus, fils de Dieu, qui rejoint notre humanité. Ce temps du carême est un temps où nous devons nous asseoir, le livre de l’évangile entre les mains pour accueillir son message. Nous pensons savoir ce qu’il renferme. Peut-être ! Mais nous sommes invités, avec nos frères et sœurs catéchumènes qui seront baptisés à Pâques, à une révision. Nous devons passer au contrôle technique de la foi pour vérifier et goûter si la Parole de Dieu reste pour nous savoureuse en son contenu. Alors les tentations que Jésus a vécues viennent aussi à notre rencontre. Nous ne sommes plus seuls face aux tentations dont parle l’évangéliste Matthieu. Et lorsque nous chutons à cause d’elles, Jésus reste auprès de nous. Non qu’Il se réjouisse de notre chute, mais i devient alors le bon Samaritain qui s’approche de nous pour nous offrir les premiers soins. La lettre aux hébreux affirme : « Jésus a été tenté en toute chose, d’une manière semblable à nous, afin d’être en mesure de compatir à nos faiblesses. » (He 2,17).

Alors recevons cette page d’évangile et demandons à l’Esprit Saint de nous en donner toute la force pour qu’au temps des tentations et de leur accomplissement, nous ne soyons pas seuls face à cet échec. Jésus reste proche de nous. Ces tentations portent toute sorte d’appellations. Elles nous encombrent et fragilisent. Nous espérions en être libérés une fois pour toute, mais nous nous apercevons rapidement qu’elles sont tenaces. Faut-il alors s’en décourager ou s’en habituer ? De ces deux tendances, nous devons nous en écarter avec force, acceptant de lutter pour garder les yeux posés sur notre Sauveur et Ami, Jésus. Il nous connait, mais il ne peut s’habituer à nos ruptures. Il ouvre alors un chemin de vie. Ce sera pour chacun de nous l’expérience d’un temps où nous irons recevoir cette grâce du sacrement de réconciliation, cette confession si décriée, moins vécue, et pourtant si nécessaire. Reconnaître notre pauvreté sans oublier d’accueillir la volonté de Dieu de nous donner la vie.

Que ce temps du carême soit le moment propice pour nous connaissions ce qu’ont vécu Adam et Eve après leur chute. La Genèse nous dit : « Alors leurs yeux à tous deux s’ouvrirent et ils se rendirent compte qu’ils étaient nus » (Gn 3,7).

Bienheureux temps du carême qui nous est offert. C’est le moment de reconnaître nos péchés et leur conséquences, le moment d’accepter notre nudité voulue par nous-mêmes que nous voulons cacher. Mais c’est surtout le temps de découvrir la profondeur du mot pardon. C’est accepter de reconnaître que Jésus reste auprès de nous, même et surtout lors de nos tentations et chutes. C’est comprendre que les derniers mots de Dieu seront toujours amour et miséricorde.

Fr. Didier-Joseph Caullery, ocd - (couvent d’Avon)
Revenir en haut