Notre petitesse (Ho 3°dim TO - 22/01/23)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année A) : Is 8, 23b – 9, 3 ; Ps 26 (27) ; 1 Co 1, 10-13.17 ; Mt 4, 12-23 ; Mt 4, 12-17

Le Christ est la lumière des hommes, la lumière des nations parce qu’en effet il vient à la rencontre des hommes afin de les éclairer dans leur nuit. Les territoires de Zabulon et de Nephtali étaient un peu considérés comme des pays païens, éloignés de Dieu : la Galilée des nations ! Mais c’est justement là que Jésus commence à annoncer la venue du royaume. ‘Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière …’ disait Isaïe. Jésus cherche à rejoindre les hommes, en se mettant à leur niveau, en leur parlant un langage qu’ils sont capables d’entendre. Lui-même, Jésus, a vécu à Nazareth en partageant la même vie qu’eux dans un travail artisanal, celui de charpentier. Artisanat qui nécessairement s’articulait avec d’autres métiers pour la construction de maisons ou de toute autre sorte d’habitat, d’atelier. Il connaît ce terreau humain et il peut donc se situer au même niveau qu’eux. S’il vient y annoncer le royaume, il n’arrive donc pas comme quelqu’un de complètement étrangé à la vie de ceux qu’il appelle à la conversion. Il les rejoint parce que justement il connaît leurs attentes, leurs manques, leurs pauvretés, leurs souffrances, leurs joies, leurs peines.

Son message de salut, son annonce d’un royaume qu’il dit tout proche, n’est en rien d’un endoctrinement religieux. Jésus ne cherche pas à rassembler des hommes qui chercheraient à s’opposer à ceux qui ne les suivraient pas. St Paul à son tour réagira contre cela : ‘Chacun de vous prend parti en disant : Moi j’appartiens à Paul ou bien moi j’appartiens à Apollos ou bien moi j’appartiens à Pierre, ou bien moi j’appartiens au Christ. Le Christ est-il donc divisé ?’ Jésus annonce la proximité d’un royaume mais un royaume qui n’est pas de ce monde comme il le dira à Pilate quand il comparaîtra devant lui. ‘Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici’ Jn 18, 36.

Jésus vient donc les mains nues révéler une réalité toute intérieure, qui est la présence de Dieu dans l’homme, en tout homme. Une présence qui est cachée mais qui justement se trouve dévoilée grâce à la venue de Jésus Christ. Il vient en effet apporter la lumière aux hommes, cette lumière que tout homme peut avoir la grâce de recevoir. Cette lumière qui transformera la vie de ceux qui accepteront d’y croire et accepteront de se laisser irradier par elle.

Aussi Jésus ne s’arrêtera pas de marcher sur les routes de Palestine afin d’appeler tous les hommes à découvrir et recevoir ce royaume qui est là, au milieu d’eux. Il en parlera avec des mots chargés de profondeur, de vérité, de force parce qu’il est la Parole de Dieu. Parole qui interpelle les hommes, du moins les hommes disponibles et capables de bouger, de se laisser toucher, de se convertir. Les hommes qui ne sont pas enfermés dans leurs certitudes ou enfermés dans des pratiques cultuelles strictes, exigeantes. Jésus vient rejoindre les hommes en recherche de vérités, les hommes au cœur ouvert, disponible, en attente, les cœurs de pauvres. ‘Bienheureux les pauvres de cœurs’ dira bientôt Jésus. Jésus interpellera beaucoup d’homme par sa Parole qui justement invite à la paix, à l’amour, à la justice, au pardon. Comment peut-on être sourd à un tel appel ? Un appel à la conversion, au changement de comportement, un appel à vivre autrement les relations humaines, des relations qui permettent un ‘vivre ensemble’ totalement différent, un ‘vivre ensemble’ qui déjà nous rend bienheureux… ‘Bienheureux les doux, les assoiffés de justice, les artisans de paix, les cœurs purs’. Nous avons, dans son sermon sur la montagne, les principes qui contribuent à l’entente entre les hommes et à une autre qualité de vie.

Jésus annonce ce monde nouveau et l’inaugure en même temps. Il en témoigne par toutes les guérisons et les libérations qu’il accomplit sans cesse dans le peuple. Pas un seul qui soit venu à lui sans être guéri, soulagé, libéré, remis debout, ressuscité en quelque sorte ! Voilà le Royaume d’amour que le Christ vient révéler, non pas un royaume de puissance, de domination, un royaume sur lequel trônerait un roi tyrannique, un roi qui imposerait sa force. Si les hommes ont condamnés le Christ c’est parce qu’ils n’ont pas su se laisser rejoindre par sa lumière, ils n’ont pas fait cette ‘metanoïa’, c’est à dire ce retournement, cette conversion, à laquelle le Christ nous appelle. Enfermé dans leur jugement, ils ont continué à penser selon le monde et à condamner, selon le monde, un ennemi potentiel, Jésus, faute de saisir la portée considérable de son message de salut. Ils ont au contraire condamnés le juste, celui qui apporte la paix, une paix qui devrait rejoindre tous les hommes.

Demandons au Seigneur d’apprendre au jour le jour à suivre le Christ et à nous laisser transformer par son message et la force de vie, de pardon, d’amour, d’unité qu’il communique. Qu’il fasse de nous des témoins de sa lumière, des artisans de paix, des bâtisseurs d’amour.

Fr. Bernard Bezier, ocd - (couvent d’Avon)
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