2e Dimanche de l’Avent ; Marc 1, 1-8

Les trois lectures de ce dimanche sont à l’unisson pour nous annoncer la venue du Seigneur et nous appeler à la préparer. « Voici votre Dieu, voici le Seigneur Dieu, il vient avec puissance » nous dit le prophète Isaïe après nous avoir demandé de préparer ses chemins. Et l’apôtre Pierre veut réveiller notre espérance quand il dit : « le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse (…) Dans l’attend de ce jour, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix. » Enfin Jean le Baptiste déclare : « Voici venir derrière moi celui qui est plus grand que moi (…) Il vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

Le premier et le nouveau testament, la foi juive et chrétienne, concordent donc pour exhorter le croyant à la vigilance pour accueillir la venue du Seigneur. Si ces textes convergent, ils font cependant référence à deux événements historiques différents. D’une part, la venue du messie, réalisée pour le chrétien en Jésus, et qui a accompli la révélation faite à Israël, et d’autre part la manifestation définitive de Dieu à notre monde qui accomplira l’œuvre de création. « Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. » Cette venue est la promesse du salut et du bonheur, c’est aussi l’espérance du croyant pour ce monde en travail d’nfantement. Même si pour le chrétien, la réalisation de cette promesse a déjà débuté avec l’incarnation du Fils de Dieu, il y a quelque 2000 ans, nous attendons aussi l’achèvement de cette ouevre de Dieu, de sa promesse.

Nous nous trouvons donc aujourd’hui dans un entre-deux, entre ces deux venues du Seigneur dans notre histoire. Notre foi se nourrit de l’événement situé dans le passé, il y a quelque 2000 ans, parmi le peuple d’Israël tandis que notre espérance est tournée vers l’attente de la réalisation des promesses. Cette espérance de la venue glorieuse et définitive du Seigneur n’est pas une lubie, ni un vague sentiment pour tenter d’échapper à la dureté de notre existence. Mais cette espérance définit notre originalité de chrétiens au milieu de ce monde. La foi et l’espérance intimement conjuguée situent le croyant dans le monde comme tournée vers l’au-delà reconnaissant dans le Seigneur l’origine et le terme de la création. C’est de lui que nous attendons l’achèvement de nos efforts pour la justice et la vérité. Notre foi se nourrit de la reconnaissance de l’œuvre de Dieu dans notre histoire, et notre espérance ne limite pas notre regard aux réalités de ce monde.

Ce qui nous est promis, c’est la plénitude de Dieu, amour et lumière, justice et paix. Cependant il ne s’agit pas de rejeter dans l’au-delà du temps, à l’extrémité de notre histoire humaine, l’accomplissement de ses promesses. Certes depuis la venue de Jésus, le monde semble n’avoir pas beaucoup changé, mais le germe du Royaume de Dieu est là, bien vivant. Et pour chacun de nous la vie éternelle commence aujourd’hui, et la réalisation des promesses a déjà débuté. Les biens dont nous rêvons ne figurent pas sur un testament que notre mort ou la mort du monde nous permettrait d’ouvrir. Ces biens nous sont déjà acquis, nous partageons déjà l’héritage du royaume. La présence de Dieu et son œuvre dans le cœur des croyant, les germes de justice et de paix, d’amour et de vérité, constituent dès maintenant la réalité des promesses qui attendent leur achèvement dans l’au-delà. C’est là l’une des grandes différences entre l’espoir simplement humain et l’espérance chrétienne, ce que nous attendons est déjà en voie de réalisation. Il y a un optimisme chrétien qui s’appuie sur la foi dans les promesse de Dieu, et un même regard de foi sur les réalités de ce monde.

La première étape de la réalisation des promesses s’accomplit d’abord par la présence de Dieu au cœur des croyant, car cette présence est le moteur de l’agir du chrétien pour ses frères, et devient donc le véritable moteur de l’histoire. C’est pourquoi l’attente dans laquelle nous nous situons, entre les 2 venues du Seigneur dans l’histoire, cette attente nous ouvre à une 3e venue celle qui se produit dans le cœur du croyant. C’est cette 3e venue qui constitue le fil conducteur ininterrompu entre les deux venues historiques. La mémoire de l’œuvre de Dieu dans l’histoire des hommes nourrit notre foi, notre espérance fondée sur les promesses tourne notre regard vers l’avenir, et aujourd’hui nous l’accueillons au plus l’intimité de nous-même. Au premier Noël, Jésus venait de l’extérieur pour pénétrer à l’intérieur de nous. Et de même, à la fin des temps, à l’heure de la Parousie, il nous adviendra d’en haut et de l’extérieur. Mais aujourd’hui, en l’accueillant dans la foi et l’espérance, il naît en nous de l’intérieur pour rayonner vers l’extérieur.

Comme la venue de Jésus s’est inscrite dans la longue histoire d’Israël, cette naissance de Dieu en nous s’inscrira dans notre histoire. Chacun de nous est invité à accueillir cette naissance de Dieu en nou. Préparer les chemins du Seigneur aujourd’hui dans nos vies, ce sera donc d’abaisser les collines de notre suffisance, et combler les vallées de nos manques d’amour. Et en l’accueillant ainsi chez nous, nous pourrons alors le porter autour de nous. Et dès lors, à travers nos visage, à travers l’Eglise, Dieu vient à la rencontre des hommes d’aujourd’hui.

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