Le Christ, Roi de l’Univers (24/11/19)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : 2 S 5, 1-3 ; Ps 121 (122) ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43

Nous voici au terme de l’année liturgique, cette solennité du Christ Roi de l’Univers est là pour la conclure. Dimanche prochain viendra ainsi une nouvelle année et nous commencerons un autre temps, celui de l’Avent qui nous mènera jusqu’à la fête de Noël.

Ce rythme de l’année qui revient sans cesse, cette succession de temps, un cycle, avec le temps ordinaire, de temps en temps des fêtes ainsi que des temps particuliers comme l’Avent ou bien encore le Carême est le propre de notre condition humaine, de toute condition créée puisque ce qui nous caractérise est que nous vivons dans le temps. D’ailleurs, nous n’en avons jamais assez du temps, nous courons après, nous voudrions ajouter des heures à nos journées, des années à nos vies mais hélas le temps nous rattrape et ce qui vient mettre un terme à nos vies, qui vient arrêter notre temps, le moment où nous aurons fait notre temps, comme on le dit si bien, c’est la mort. La mort c’est ce qui donne d’ailleurs sa valeur au temps. Imaginez une vie sans temps. Le temps alors ne serait plus et nous serions donc entrés dans l’éternité, l’éternité de Dieu un autre temps mais que je me garderai bien d’explorer en ce jour car sinon nous aurons pour longtemps, normal vous me direz c’est l’éternité.

Oui, encore une année liturgique qui vient de s’écouler, une année que nous n’avons pas vu passer, une année certainement riche en événements, il ne s’agit pas maintenant de se la rappeler mais bien de la célébrer. Car la fête d’aujourd’hui, le Christ roi de l’Univers est là justement pour tout récapituler, tout ressaisir, tout y concentrer car tout a un sens dans le Christ, tout prend sens. En effet, c’est lui, le Christ, le point focal de l’univers qui est présent au début du temps, notre seconde lecture, la lettre aux Colossiens s’en est fait l’écho : « c’est lui le commencement, le premier né d’entre les morts » et qui vient aussi à la fin des temps. Il est l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier. Vous le voyez, nous n’échappons pas au temps ou bien alors le temps nous reprend.

Cette méditation sur le temps de ce dimanche n’est pas là pour passer le temps, mais est bien là pour nous aider à réfléchir au sens du temps, au sens de notre existence, à nous aider à prendre le temps alors qu’il nous manque si souvent. Non pas se lamenter sur le manque de temps mais bien ressaisir le sens du temps et ce qui l’anime, lui donne du goût, de la saveur : le Christ. Sans lui, nous risquons bien de tomber dans la frénésie qui a déjà commencé depuis quelques semaines, celle de la surenchère consommatrice. Il y a depuis quelques années une nouvelle fête : le Black Friday, des soldes avant Noël (si vous ne le saviez pas, c’est vendredi prochain), ce n’est certainement pas fortuit que les gilets jaunes aient commencé leur manifestation à cette même période l’an passé car il faut tout de même de l’argent pour consommer. Au dehors, les lumières des guirlandes des fêtes de fin d’année, je dis à dessein des fêtes de fin d’année car Noël semble s’éclipser, ces guirlandes qui égaient notre hiver ne risquent-elles pas de nous éblouir et ainsi de détourner notre regard de la véritable recherche qui devrait nous habiter, celle qui habite le fond de notre cœur et qui ne coûte rien si ce n’est du temps et de l’attention à celui qui vient habiter nos cœurs : je parle du Christ notre Sauveur.

Cette semaine qui s’ouvre avec la solennité de l’année est la dernière de notre année liturgique, les lectures et les passages d’Évangile nous orientent vers la fin de temps, prenons le temps cette semaine de méditer sur le temps qui passe, vivons l’instant présent comme un temps qui nous est offert, un temps riche de potentialité. Chantons aussi dans nos cœurs avec sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus sa poésie : « Rien que pour aujourd’hui ». Je vous en lis les trois premières strophes :

« 1. Ma vie n’est qu’un instant, une heure passagère
Ma vie n’est qu’un seul jour qui m’échappe et qui fuit
Tu le sais, ô mon Dieu ! pour t’aimer sur la terre
Je n’ai rien qu’aujourd’hui !…
 
_ 2. Oh ! je t’aime, Jésus ! vers toi mon âme aspire
Pour un jour seulement reste mon doux appui.
Viens régner dans mon cœur, donne-moi ton sourire
Rien que pour aujourd’hui !
 
_ 3. Que m’importe, Seigneur, si l’avenir est sombre ?
Te prier pour demain, oh non, je ne le puis !…
Conserve mon cœur pur, couvre-moi de ton ombre
Rien que pour aujourd’hui. » (PN 5, 1894)

Alors oui, prenez le temps, donnez du temps, à qui ? Tout d’abord à Dieu mais aussi à vous, à ceux qui vous sont proches, car le plus cadeau que l’on peut faire c’est de donner du temps et en plus cela ne coûte pas cher car le temps ce n’est vraiment pas de l’argent, non c’est cadeau ! Amen.

Fr. Christophe-Marie, ocd - (couvent d’Avon)
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