« Dieu partirait-il en vacances ?… » (Homélie 14° dim. TO)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année C) : Is 66, 10-14c ; Ps 65 (66) ; Ga 6, 14-18 ; Ga 5, 1.13-18 ; Lc 10, 1-12.17-20

Nous voici entrés dans ce temps dit estival. Les vacances sont à notre porte et notre ordinaire peut s’en trouver un peu bouleversé. Tous ne partent pas en vacances – hélas - mais tous ressentent un peu ou beaucoup ce temps comme une période à vivre autrement. Une question pourrait alors se poser pour nous, rassemblés dans cette chapelle : « Dieu partirait-il aussi en vacances ? Serait-il durant ces mois d’été inscrit aux abonnés absents ? Ou aurait-il laissé les clés et les consignes à quelques-uns avant de s’absenter ? ».

Drôle de question me direz-vous ! Bien sûr, mais ce sont les textes de la Parole de Dieu entendus ce dimanche qui m’entraînent à ce genre d’interrogation. Car dans l’Évangile proclamé ce jour il est question de déplacements, de porter à d’autres des raisons d’espérer, de rendre visible la foi – aussi modeste soit-elle - et d’oser des paroles et des actes qui sentent le parfum de l’Évangile, qui laissent de bonnes traces chez ceux qui n’y croyaient plus ou qui pensaient que la vie de foi était bonne pour être rangée dans la malle aux souvenirs d’autrefois, sans conséquence avec l’ aujourd’hui du monde et de l’Église.

Aussi ai-je aimé cette page d’Évangile montrant des hommes heureux de porter aux autres – ceux qu’ils vont rencontrer au gré de leur voyage – la Bonne Nouvelle de la vie en Dieu, la fraîcheur d’un moment de foi, des germes d’espérance… C’était hier au temps de Jésus, mais c’est toujours le temps de Jésus. Alors que depuis quelques mois notre maison Église est bousculée par tant et tant de mauvaises nouvelles… Vous les connaissez comme moi ces scandales ou souffrances qui viennent au jour alors que certains ont préféré les taire… Mais Dieu continue d’embaucher, d’appeler, de susciter parmi ses enfants des missionnaires. Aucune référence n’est demandée, aucun diplôme ne semble nécessaire. Tous et chacun sont appelés et envoyés. Pas de tractations salariales, de compétences particulières. Peut-être simplement le désir au cœur et au bout des lèvres de reconnaître que le message que nous transmettrons ne vient pas de nous, nous n’en sommes pas les propriétaires…C’est Dieu, en son Esprit Saint, qui nous soufflera les mots et nous fera faire des gestes en harmonie avec la Parole livrée.

Alors que nous nous pensions en repos, en vacances, voilà que la Parole résonne comme une invitation à ne pas quitter notre service, mais là où nos pas nous porterons cet été, acceptons d’être des témoins que Dieu s’intéresse à toute vie, qu’Il discerne toujours en celui ou celle qui le rejoint un espace de renaissance, un matin frais de résurrection. Des obstacles, nous en rencontreront : « Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. ». A bon entendeur salut ! Nous voilà informés. Allons-nous pour autant être découragés par cette annonce ?

Nous ne sommes pas des représentants payés au nombre de produits vendus. Nous sommes des hommes et des femmes que Dieu appelle et envoie. Et Dieu nous demande simplement de regarder son Fils Jésus, d’être imbibés - telle une éponge - de sa vie, de ses paroles… Non, Jésus n’a pas attendu que Pierre, Zachée, Matthieu, la Samaritaine et tant d’autres viennent à Lui. Il est allé vers eux, les mains chargés de son Amour et de sa Miséricorde. Jésus rencontre. Jésus invite, Jésus tend la main.

Et nous, comment allons-nous, habités par l’Esprit Saint, rencontrer, inviter, tendre la main…comme notre Maître et Seigneur ? Bien sûr, nous ne sommes pas Jésus. Mais Lui nous envoie. Lui nous rencontre. Lui nous tend la main pour qu’à notre tour nous devenions des messagers d’espérance, des entrepreneurs de pardon, des sourciers de vie bonne… Propos utopiques ? Peut-être ! Mais n’y a–t-il pas en nous cette invitation pressante laissée par Jésus d’annoncer à tous : « Le Règne de Dieu s’est approché de vous. ». Combien d’hommes et de femmes ont besoin d’entendre ce message, alors qu’ils croyaient n’avoir plus leur place dans la maison Église, ou que cette maison Église leur semblait si triste et marquée par tant d’échecs.

C’est à un devoir de vacances que Dieu nous invite tous et chacun : il veut faire de ses enfants baptisés des témoins qui annonceront l’amour de Dieu pour tous. Alors courage et audace vont se rencontrer. Rien ne sera facile, mais tout sera possible si chacun de nous croit que le message n’est pas pour l’autre, celui ou celle qui en sait plus que moi, celui ou celle qui paraît mieux équipé que moi, celui ou celle qui est plus croyant que moi. La vie de Jésus m’est offerte dans sa nouveauté.

« Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison ». Il est temps, il est même urgent d’exprimer ce qui nous fait vivre. Jésus va à la rencontre de l’autre tel qu’il est, quelle que soit son histoire humaine ou religieuse…Ne perdons pas de temps à savoir si l’autre rencontré est digne ou pas. Osons lui offrir une parole sans crainte, et des gestes mûris au terreau de l’Évangile. L’Esprit Saint sera notre force et notre soutien. Alors « Réjouissons-nous parce que nos noms sont inscrits dans les cieux ». Dieu vient faire du neuf dans nos vies. Il n’est pas en vacances. Son Esprit souffle sur nous. « Ce qui compte, c’est d’être une création nouvelle » affirme l’Apôtre Paul. Allons-nous entendre cet appel ? A chacun d’y répondre ! Bonnes vacances en Dieu !

Fr. Didier-Joseph , ocd - (couvent d’Avon)
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