Homélie 2e dimanche de Carême : Aller à la montagne de la Vérité !

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques (année A) : Gn 12, 1-4a ; Ps 32, 22 ; 2 Tm 1, 8b-10 ; Mt 17, 1-9

Dimanche dernier, il y a 8 jours, nous avons été témoins du combat de Jésus au « désert de la Tentation », un dur combat au début du carême. Aujourd’hui, nous sommes conduits dans un autre lieu, si différent de l’âpreté du désert, comme un lieu de bonheur et de révélation, que nous pourrions appeler la « montagne de la Vérité » !

Montagne de la Vérité quand nous croyons en cette parole étonnante : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui je trouve ma joie : écoutez-le !

L’Église identifie cette voix à celle de Dieu le Père. C’est une vérité de foi, fruit de la confiance dans le témoignage de l’Église, de l’Écriture, principalement, mais aussi de la vie des autres, de notre propre expérience. Nous sommes ici au cœur de la foi chrétienne, de la foi en Dieu Trinité, même si l’Esprit Saint n’est pas explicitement présent dans cet Évangile, comme il l’est dans la théophanie du Baptême de Jésus.

Ici, le Père dit son amour pour le Fils et nous demande de l’écouter.

Dans le combat qu’il livre au démon, dans l’Evangile du 1er dimanche de Carême, Jésus manifeste sa pleine humanité, une humanité fragile, vulnérable, tentée par la facilité de la désobéissance.

Dans l’Évangile d’aujourd’hui, c’est sa divinité qui est déclarée par la voix, depuis la nuée lumineuse.

Cette voix intervient dans la troisième partie de la vision, après la Transfiguration de Jésus et la conversation entre Jésus, Moïse et Élie !

Il est dit que Jésus fut métamorphosé (littéralement), transfiguré dans nos traductions, devant trois témoins, Pierre, Jacques et Jean. Le visage de Jésus devint : …brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière.

Les disciples de Jésus assistent à une transformation radicale de son aspect extérieur. Le brillant du visage, la blancheur des vêtements sont des expressions qui expriment ce qui précisément ne peut être dit : la lumière divine !

Le combat de Jésus au désert se fit sans témoin humain, une affaire personnelle entre Jésus et le démon. La Transfiguration de Jésus se fait en présence de plusieurs témoins humains, des témoins vivants à ce monde et des témoins venant de l’au-delà de ce monde. Notre foi repose sur le témoignage, une médiation humaine qui laisse libre de croire ou de ne pas croire. Cet Evangile souligne l’importance du témoignage, du témoignage rendu à la Vérité. La tradition chrétienne a considéré que Moïse et Élie étaient présents à la Transfiguration pour signifier que Jésus venait accomplir les Écritures. Ces deux grandes figures bibliques représentant toutes les Ecritures.

Accomplir les Écritures, certes mais d’une manière inouïe, inattendue, étonnante pour les pieux israélites et les spécialistes des Ecritures du temps de Jésus. L’accomplissement des Ecritures s’est fait par l’Incarnation du Fils de Dieu, mort sur la croix, ressuscité le troisième jour. Sur la montagne, les événements de la Passion peuvent sembler loin, comme en témoigne Pierre qui était heureux d’être là et parlait de s’installer dans ce bonheur. Jésus a permis aux trois disciples de devenir témoins de la Transfiguration pour les aider dans la suite des événements, à traverser l’épreuve de la Passion, et de pouvoir en rendre témoignage, justement après qu’il soit ressuscité d’entre les morts, comme il le dit lui-même à la fin de notre Evangile.

Et à nous-autres ici, que nous apporte le récit de cette vision ? Un approfondissement de notre foi ? Ou au contraire, un questionnement ? La montagne de la Transfiguration est-elle pour nous la montagne de la Vérité ? Ou une belle illusion qui nous permet de supporter les évènements difficiles de la vie, les bouleversements que traverse notre monde ?

Il est bon de croire en la manifestation visible de notre Sauveur Jésus Christ, selon les mots de Paul dans la deuxième lecture, car la Transfiguration enseigne que Jésus n’est pas seulement un homme, Il est le Fils bien-aimé du Père, en qui le Père a mis tout son amour, en qui il trouve sa joie. Il est la Parole du Père, Parole qu’il nous faut écouter. Aux disciples encore sous le choc de l’évènement, Jésus dit : Relevez-vous et soyez sans crainte !

Remarquons que cette parole est la première que Jésus prononce après la demande du Père du Père faite aux disciples : écoutez-le ! Il me semble que cette parole est pour nous aussi. Se relever et être sans crainte, c’est bien faire le choix de la vie ! Telle est la volonté de Dieu. Si nous n’avons pas la vision directe du Transfiguré, nous avons la Parole de Dieu qui nous permet, en l’écoutant, de porter notre regard sur Jésus, de le regarder, Lui, le Fils de l’homme descendre de la montagne pour nous rejoindre et nous accompagner, comme un ami, dans nos vies.

fr. fr. Robert Arcas - (Couvent de Paris)
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