Homélie 4e dimanche de l’Avent : La joie de recevoir

donné au couvent de Paris

Textes liturgiques (année A) : Is 7, 10-16 ; Ps 23 (24) ; Rm 1, 1-7 ; Mt 1, 18-24

Offrir des cadeaux est pour beaucoup de gens un rite essentiel à la fête de Noël. Les cadeaux disent aux enfants qu’ils sont eux-mêmes le plus beau cadeau de la vie. Ils expriment aux proches et aux amis notre gratitude pour leur existence. Mais que ce serait terrible si au moment de l’offrir, après avoir réfléchi à ce qui pourrait faire plaisir, avoir passé du temps à le chercher et dépensé de l’argent pour l’acquérir, le cadeau se trouvait refusé ! La joie du don n’est possible que si celui-ci est reçu avec joie. Dieu qui est joie veut plus que tout autre nous faire un cadeau. Aussi voulons-nous lui faire la joie de recevoir avec gratitude ce qu’il a préparé pour nous depuis si longtemps. L’Evangéliste Matthieu montre comment cette préparation divine atteste de la double origine du Messie. Dieu nous a d’abord fait le cadeau de sa bénédiction divine transmise à travers le peuple de l’alliance durant quarante générations (Mt 1,1-17). C’est la bénédiction accordée à l’homme créé à l’image de Dieu et appelé depuis Abraham à vivre en alliance avec lui. Mais le cadeau ultime, ce devait être Dieu lui-même et un tel cadeau ne pouvait se faire dans le cadre des générations humaines. Dieu nous l’a fait moyennant la conception virginale de Jésus par l’action de l’Esprit Saint. Pourtant le Fils unique et Bien-aimé du Père assume pleinement la bénédiction faite à Abraham à travers une filiation tout à la fois humaine, juive et davidique. C’est ce que Paul lui-même dit aux Romains à propos du « Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu ». (Rm 1,3s)

L’évangile montre comment le Fils de Dieu s’est inscrit dans cette généalogie humaine grâce à son adoption par Joseph. L’hésitation de ce dernier ne vient pas d’un doute concernant la virginité de Marie. Joseph ne découvre pas la réalité de la conception virginale par le message de l’Ange. Celle-ci est affirmée dès le départ du récit, car c’est déjà un donné de foi pour la communauté juive de Matthieu qui connaît la prophétie de l’Emmanuel dans sa version grecque : « Voici que la vierge est enceinte. Elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel, c’est-à-dire : Dieu-avec-nous. » (Is 7,14) Mais comment Joseph peut-il accueillir un enfant dont non seulement il n’est pas le père, mais qui de plus vient de Dieu. Le message de l’Ange a pour but de le confirmer dans son incroyable mission auprès de Marie : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, car (certes) ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint, mais elle enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. C’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » La mission de Joseph est de donner un nom au Sauveur. Certes, le Saint Esprit est l’auteur de la conception de l’Enfant, mais Joseph n’en a pas moins une fonction à remplir. Sa mission est même si essentielle qu’elle est affirmée à trois reprises dans ce court récit : « Elle enfantera un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus. » (v.21) Elle enfantera un fils auquel on donnera le nom d’Emmanuel. (v.23) Elle enfanta un fils, auquel il donna le nom de Jésus. (v.25)

Joseph, le juste, peut donc recevoir dans la joie ce cadeau inestimable du Fils de Dieu en accueillant chez lui Marie, sa fiancée. La justice de Joseph se manifeste ici dans son obéissance de foi. Il fallait une confiance inconditionnelle en la Parole de Dieu pour oser accueillir un tel cadeau. L’obéissance de la foi consiste à croire en l‘amour de Dieu pour nous en recevant le cadeau inouï qu’il nous fait en son Fils. Cela exige de s’oublier soi-même et de ne pas s’arrêter à sa misère humaine afin d’ouvrir son cœur à la gratuité absolue d’un Amour qui surpasse toute compréhension. Confions-nous pour cela à l’intercession de Joseph. Qu’il nous obtienne par son exemple et sa prière cette audace de la foi. Il nous faut pouvoir croire que ce cadeau est pour nous, comme il l’est pour tous et pour chacun ! Puissions-nous ainsi accueillir ce don dans une foi pleine et entière afin de faire la joie de Dieu, lui qui a fait sienne notre pauvreté afin que nous puissions faire nôtre son infinie tendresse.

fr. Olivier Rousseau - (Couvent de Paris)
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