Il y eut un mariage à Cana de Galilée ! (Homélie 2° dim. TO)

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques (année C) : He 5, 1-10 ; Ps 109 (110) ; Mc 2, 18-22 ;

Un mariage ! Le mot provoque toujours son effet : un mélange d’intérêt, de joie, de curiosité. Souvent, on veut voir la robe de la mariée. Un mariage, quel qu’il soit, ne laisse pas indifférent. Cela parle d’amour et de vie, l’homme et la femme qui s’unissent ont vocation à fonder une famille, à avoir des enfants. Un mariage est porteur d’espérance, c’est une ouverture à la vie. Les mariages princiers ou royaux d’autrefois soulevaient une espérance de paix et de prospérité dans les pays concernés. La joie des mariés, de leur famille est contagieuse, d’autant plus qu’il y a la fête, le banquet, le festin. Aux noces de Cana, il y a donc tout cela, mais la robe de la mariée n’intéresse pas l’évangéliste. Il nous dit : Il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. La mère de Jésus, la Vierge Marie, apparaît dans cet Évangile, pour y jouer un rôle important. Important pour la dynamique de la bonne humeur et de la joie de tous. Les évangiles où Marie est présente sont d’autant plus intéressants qu’ils sont peu nombreux au total. Cela n’a pas empêché Thérèse de Lisieux d’écrire sa plus longue poésie sur Marie, sa dernière poésie (54), Pourquoi je t’aime, ô Marie, une poésie où elle reprend précisément tout ce que les Évangiles disent de Marie. Une poésie que certains de nos frères protestants, en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens, pourraient peut-être apprécier ? Revenons à l’Évangile du jour. Quelques éléments du texte peuvent poser question.

  • Tout d’abord le dialogue étonnant entre Jésus et sa mère qui sollicite son aide dans une situation de manque de vin. La réponse de Jésus sonne comme une réplique abrupte : Que me veux-tu femme ? Jésus lui dit ainsi qu’il agit en toute liberté, sans céder à une quelconque pression venue du monde. Cependant, il répond à la demande de sa mère. Son agenda, comme on dirait aujourd’hui, un agenda « divin », indique que « l’heure » décisive n’est pas encore venue ! Il faut comprendre que ce miracle du changement de l’eau en vin n’est pas le dernier mot de Dieu. Ce dernier mot sera en effet prononcé par l’élévation du Fils à la Croix. Croix, au pied de laquelle nous retrouverons Marie.
  • Les six jarres posent aussi question. Sont-elles un symbole de l’Ancienne Alliance comme le suggèrent certains commentateurs ? Dans ce cas, le chiffre « six » (à la différence de « sept ») et le fait que les jarres doivent être remplies (ce qui suppose un manque) suggéreraient que Jésus fait advenir une réalité nouvelle destinée à dépasser l’ancienne. J’ai dit plus haut, miracle, il faut reprendre le vocabulaire johannique et dire le mot signe. La notion de signe indique comment le miracle doit être compris. Le signe renvoie au-delà de lui-même, il est destiné à révéler l’identité de celui qui l’accomplit. Les derniers mots de cet Évangile de Cana sont dans cette logique : Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. Le signe a un but, révéler l’identité de Jésus et susciter la foi en Lui, lui donner des disciples. Le signe ou le miracle du vin abondant à Cana est le premier geste public de Jésus dans l’Évangile de Jean. A ce titre, il a une valeur programmatique. Il dit quel est le projet central de l’Évangile : l’offre de la vie en plénitude. Dans un premier sens, la participation active de Jésus à une noce et au festin qui lui est associé manifeste son humanité et révèle son choix pour la vie, l’amour, l’amitié, la joie. Dans un second sens, en écho de la prédication des prophètes, les noces et l’abondance du vin ont un sens symbolique, elles annoncent l’accomplissement de la promesse du salut ! Enfin, dans cet Évangile, il y a la parole bien connue de Marie. Les apparitions de Marie comme ses paroles, je le répète, sont rares dans les Évangiles. Elles sont d’autant plus précieuses ! Tout ce qu’il vous dira, faites-le. Voilà une parole venant de l’Esprit, l’Esprit Saint, ce grand donateur dont parle notre deuxième lecture, une parole de sagesse, un enseignement fondamental à entendre et à suivre. Parole de médiatrice par excellence, Marie, nous donne ici une parole de bon conseil pour la conduite de notre vie : l’obéissance à Jésus suppose que nous écoutions sa parole et que nous la mettions en pratique, que nous marchions vers l’union de volonté avec Jésus, dans le but que donne la finale de la première lecture, du prophète Isaïe : Comme la jeune mariée fait la joie de son mari, tu seras la joie de ton Dieu.
Fr. Robert Arcas, ocd - (couvent de Paris)
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