Va, ta foi t’a sauvé ! (Homélie 30e dim. TO)

donnée au couvent de Paris

Textes liturgiques (année B) : Jr 31, 7-9 ; Ps 125 (126) ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52

Jésus, fils de David, aie pitié de moi ! Ce cri, libre ou étouffé, qui ne l’a pas émis un jour ? Oui, comme l’aveugle Bartimée à Jéricho n’avons-nous pas un jour ou l’autre poussé ce cri qui n’est rien d’autre que la prière humble du pauvre, perdu dans un monde hostile ou indifférent ? Dans l’Evangile, nous constatons que la persévérance de cet homme dans son appel au secours est finalement payante, Jésus l’entend et demande qu’on l’appelle Pourquoi Jésus ne l’appelle-t-il pas directement ? Jésus a recours à des intermédiaires pour appeler cet homme Cela doit nous interpeller, nous chrétiens, à rester vigilants dans cette mission de médiation, nous transmettons la parole de Dieu, nous sommes canal de l’Esprit Saint, et l’Evangile nous montre comme il est facile d’être le contraire : Beaucoup de gens l’interpellaient vivement pour le faire taire Nous sommes des intermédiaires de cette rencontre décisive entre le Christ et l’homme en quête de sens Je cite ici un extrait du Message au Peuple de Dieu du synode des évêques sur la nouvelle évangélisation qui s’est achevé ce vendredi, ce sont les évêques qui parlent : Nous sentons sincèrement le devoir de nous convertir avant tout nous-mêmes à la puissance du Christ, qui seul est capable de renouveler toute chose, surtout nos pauvres existences. Avec humilité, nous devons reconnaître que les pauvretés et les faiblesses des disciples de Jésus, en particulier de ses ministres, pèsent sur la crédibilité de la mission. (…) Nous avons conscience du devoir de reconnaître humblement notre vulnérabilité aux blessures de l’histoire et nous n’hésitons pas à reconnaître nos propres péchés. Cependant, nous sommes aussi convaincus que la force de l’Esprit du Seigneur peut renouveler son Église et la revêtir de beauté, si nous nous laissons modeler par lui. (..) Si ce renouvellement était confié à nos forces, il y aurait de sérieux motifs de douter, mais la conversion, comme l’évangélisation, n’a pas dans l’Église comme premiers acteurs les pauvres hommes que nous sommes, mais bien plutôt l’Esprit même du Seigneur. C’est en cela que réside notre force ainsi que notre certitude que le mal n’aura jamais le dernier mot, ni dans l’Église ni dans l’histoire : « Que votre cœur ne se trouble pas et qu’il n’ait pas de crainte » a dit Jésus à ses disciples (Jn 14,27). Et plus loin ce Message ajoute : L’œuvre de la nouvelle évangélisation repose sur cette certitude sereine. Nous sommes confiants dans l’inspiration et dans la force de l’Esprit, qui nous enseignera ce que nous devons dire et ce que nous devons faire, même dans les circonstances les plus difficiles. C’est notre devoir, par conséquent, de vaincre la peur par la foi, le découragement par l’espérance, l’indifférence par l’amour. Ce texte tout frais vient conclure par un message ouvert et optimiste un synode qui avait commencé dans une ambiance plutôt morose

L’Esprit Saint est à l’œuvre dans l’Eglise, comment en douter ? L’Esprit Saint nous rappelle que nous avons à vivre de foi, d’espérance et d’amour Rappelez-vous l’oraison de la messe de ce jour qui demande à Dieu d’augmenter en nous les vertus théologales C’est la foi qui sauve : Va, ta foi t’a sauvé dit Jésus à Bartimée Et le salut par la foi est la plus grande guérison que nous pouvons attendre de Dieu Bartimée, l’homme se mit à voir La foi dans notre vieille Europe ne se manifeste guère aujourd’hui, sans nous décourager, nous avons à travailler à faire connaître à nos contemporains Celui en qui nous avons mis toute notre espérance Le Message au Peuple de Dieu du synode met clairement en avant le primat de la rencontre du Christ, la foi ne naît-elle pas d’une rencontre ? Au synode, la Samaritaine a été choisie comme figure de la nouvelle évangélisation et symbole du « devoir de s’asseoir aux côtés des hommes et des femmes de notre temps ». La rencontre avec le Christ est proposée comme l’objectif ultime de tout type d’évangélisation, dans les terres d’ancienne chrétienté comme au Sud Dans la première lecture, Jérémie, dans le contexte de l’ancienne alliance, nous invite à pousser des cris de joie, à louer le Seigneur devant le plan de Dieu, les retrouvailles du Seigneur et de son peuple, un Dieu père de son peuple, gestes et paroles qui favorisent la rencontre, l’union des cœurs, la joie de vivre La seconde lecture, la Lettre aux Hébreux, pointe le rôle d’intermédiaire du grand prêtre : Le grand prêtre est toujours pris parmi les hommes, chargé d’intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu

L’Evangile de ce dimanche nous montre le rôle d’intermédiaires des disciples et de la foule nombreuse dans la rencontre qui se produit entre Bartimée et Jésus Ce rôle d’intermédiaire nous devons le tenir pour favoriser la rencontre de nos contemporains avec le Christ, en sachant que pour tous la rencontre avec le Christ est à la fois comme des retrouvailles avec soi-même, avec sa vérité la plus profonde, et retour vers ce Dieu qui habite en nous Je cite encore le Message au Peuple de Dieu : Seul Jésus est capable (…) de nous dévoiler notre propre vérité : « Il m’a dit tout ce que j’ai fait », confesse la Samaritaine à ses concitoyens. (…) De l’accueil du témoignage, les gens passeront à l’expérience personnelle de la rencontre : « Ce n’est plus à cause de ce que tu nous as dit que nous croyons maintenant ; nous l’avons entendu par nous-mêmes, et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde  ». C’est alors que nous retrouvons la vue sur l’essentiel, comme Bartimée se mit à voir ! Amen

fr. Olivier-Marie , ocd - (Couvent de Paris)
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