Il donne sens à notre Histoire (Homélie 3° Dim. Pâques)

donnée au couvent d’Avon

Textes liturgiques (année B) : Ac 3, 13-19 ; Ps 4 ; 1 Jn 2,1-5 ; Lc 24,35-48

Les textes de la Résurrection sont toujours pour le moins énigmatiques car ils nous font entrer au cœur de la foi, ils sollicitent notre intelligence et nous déconcertent le plus souvent ! En ce dimanche, la première lecture des Actes des Apôtres comme l’Évangile selon saint Luc viennent nous donner le sens de l’Histoire avec un grand H. Saint Pierre dans son discours vient relire l’histoire du salut, il repart d’Abraham, Isaac et Jacob pour aboutir au Christ, le « Prince de la Vie ». Dans cet Évangile, nous découvrons comment Jésus leur explique les Écritures comme il l’avait fait pour les disciples d’Emmaüs, comment avec pédagogie, sans jamais se décourager, il essaie de leur faire comprendre le sens des événements.

Ce que nous fêtons depuis maintenant deux semaines, c’est celui qui donne un sens à la vie, un sens à l’Histoire. C’est ce qui va permettre aux Apôtres, puis aux disciples d’aller annoncer la Parole, d’aller témoigner au prix de leur vie. Si Jésus prend le temps, de leur faire une explication de texte, une explication des textes, c’est bien pour leur montrer que tout cela a un sens. Cela parait fou et ça l’est d’un certain point de vue, aux yeux des hommes, aux yeux de nos contemporains, mais c’est bien ce que les prophètes avaient annoncé. Si, encore aujourd’hui, des chrétiens sont prêts à témoigner au prix de leur sang, pensons tout simplement aux moines de Tibhirine qui seront bientôt béatifiés comme l’a annoncé au début de l’année le pape François, c’est que la Résurrection a un sens et elle donne sens à notre histoire.

Le Christ demande aux onze de le toucher, de manger avec eux : « Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai  », c’est bien pour leur montrer qu’il s’inscrit dans l’histoire des hommes, dans notre histoire. Il est intéressant de noter que Jésus n’a pas demandé aux disciples de regarder son visage pour le reconnaître mais plutôt de regarder ses mains et ses pieds, c’est à dire, ses plaies. Ses plaies sont inséparables de sa personne. Le Crucifié est le Ressuscité et inversement, c’est le même, il en porte les marques.

Le Christ veut que ses disciples soient profondément conscients du fait de sa Résurrection, car il sait combien tout ce que nous voyons, tout ce que nous touchons, nous parle. Lorsque nous avons vu quelque chose, lorsque nous l’avons touchée, nous sommes bien davantage convaincus de la réalité de son existence que lorsque nous n’en avons eu connaissance que par ouï-dire, on m’a dit que…

Jésus sait que les Apôtres ne comprennent pas encore et qu’il a besoin d’éveiller leurs sens pour les aider à surmonter leurs doutes. Il faut savoir que dans les Évangiles, toucher le Christ est une métaphore pour signifier la foi, comme la femme qui souffrait de pertes de sang l’a montré. Dieu peut faire appel à nos sens dans la prière mais c’est toujours pour susciter une réponse qui exige une plus grande foi de notre part. Il n’est pas venu en coup de vent, en faisant semblant, comme un fantôme, un esprit mais bien en prenant chair, notre chair. Ce corps du Christ, ce corps fait chair n’est pas une illusion, un tour de passe-passe mais bien l’inscription dans notre histoire de la venue de Dieu. Cette venue a eu lieu et elle continue aujourd’hui. C’est pour cela que notre vie chrétienne s’inscrit dans l’histoire et que nous nous engageons dans notre histoire.

Lundi dernier (le 9 avril), jour de l’Annonciation, il y eu l’exhortation apostolique du pape François « Gaudete et Exultate » mais aussi, au Collège des Bernardins, un discours de notre président de la République, discours qui fera date, il me donne une ouverture pour conclure cette homélie, je vais maintenant citer juste deux passages pour réveiller nos consciences et susciter l’engagement de nos personnes : « Une Église prétendant se désintéresser des questions temporelles n’irait pas au bout de sa vocation ». Le président parle ensuite en « je » : « Je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation. » Ces mots ne sont pas là pour flatter notre ego, ni récupérer nos voix pour les urnes, mais bien pour que nous prenions notre place dans la société.

Oui, le Christ donne sens à notre histoire, le Christ a pris notre chair, à nous de donner maintenant sens à nos vies en nous donnant pour nos frères. Amen.

fr. Christophe-Marie, ocd - (Couvent d’Avon)
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